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Les sanctions de la CEDEAO ont suscité de nombreuses réactions mais plus récemment, un groupe de 13 ONG appelle la communauté internationale à protéger le peuple malien contre sur « l’impact dévastateur que de nouvelles sanctions pourraient avoir sur le peuple malien et sur le besoin impératif d’exemptions humanitaires ».
A l’instar d’Elena Vicario, directrice du Conseil norvégien pour les réfugiés au Mali, les humanitaires évoquent des populations déjà fragilisées. « Les Maliens supportent déjà le poids de la catastrophe humanitaire, ponctuée d’horribles attaques contre les civils. Les sanctions ne doivent pas nous empêcher de fournir une aide essentielle dans un pays où la sécheresse, l’insécurité croissante et les impacts économiques du COVID-19 poussent déjà des millions de Maliens à bout ».
Professeur Malick Sané, enseignant chercheur en sciences économiques et de gestion à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar analyse les perspectives de cette situation. Il répond aux questions de Gaïus Kowene de BBC Afrique.
Combien de temps pensez-vous que le Mali peut tenir dans de pareilles circonstances ?
Très peu de temps parce que les mesures ont été effectivement arrêtées sous cette forme dans la surprise générale donc je ne pense pas que les autorités maliennes aient pris des dispositions pour tenir un certain temps. Il y a très peu de marge de manœuvre pour payer les salaires, pour payer certains approvisionnements, pour faire face à des charges courantes. Je crois que le Mali ne pourra pas tenir au-delà d’un mois.
Quelles sont les alternatives pour le Mali ?
Les deux que je vois présentement à court terme, c’est d’abord la liquidité, ce sont les sommes donc détenues par le Mali au niveau du trésor Malien qui fait office de banque du Mali, c’est également une contribution sous forme d’aide de quelques pays amis, notamment par le biais de la coopération bilatérale parce qu’avec ces mesures de la CEDEAO, les institutions multilatérales sont amenées à observer le blocus décidé par la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest. Donc c’est par le biais de la coopération bilatérale, notamment vis-vis de la Russie, éventuellement de la Chine, qui auront été les deux principaux pays du conseil de sécurité qui ont défendu les positions du Mali.
Éventuellement d’autres partenaires du Mali pourraient se révéler. Les marges de manœuvre sont extrêmement réduites compte tenu de la surprise dans la prise de décision. Ce sont des décisions extrêmement rares.
Si ce processus n’arrive pas à aboutir à un résultat ou à un consensus très rapidement, quels sont les risques pour le Mali en tant que pays mais aussi pour le peuple malien ?
Je considère qu’aucune des deux parties n’a intérêt à ce que cette situation de blocus puisse perdurer aussi bien pour la CEDEAO que pour le Mali, compte tenu bien sûr de la pression notamment de la société civile pour pouvoir atténuer ces mesures.
A défaut, ce seront des problèmes d’approvisionnement que le Mali va connaitre. Ça va être la flambée des prix sous forme d’inflation par la demande parce que la demande sera là sans que l’offre soit disponible compte tenu de la fermeture des frontières et des ressources non disponibles pour pouvoir faire face aux importations dont le Mali a besoin.
Raison pour laquelle je crois que c’est, d’un côté comme de l’autre, une stratégie de négociation peut-être qui mettrait la barre assez haut en vue de trouver un compromis qui pourrait effectivement aboutir à un accord. Moi je pense plutôt à cette optique-la plutôt que le jusqu’auboutisme dont l’une ou l’autre partie pourrait faire preuve.
BBC