Comme promis précédemment, Senalioune met en exergue dans le présent extrait de l’interview fleuve et controversée de l’ex Directeur de la Sureté d’Etat du régime bourreau et tortionnaire de l’ancien président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, en l’occurrence le commissaire de police retraité Deddahi Ould Abdallahi, ces révélations fracassantes, qu’il ne faut pas prendre pour des vérités, sur la chasse aux sorcières impitoyable menée à l’époque par le système tayiste contre les bathistes après avoir adopté le même scénario, mais avec une cruauté qui frise l’inhumain et le racisme.
Nous vous laissons toute la liberté de juger vous même et si nécessaire, dans un but d’éclairer l’opinion publique mauritanienne sur un pan de son histoire contemporaine douloureuse, de nous faire part de votre point de vue en nous écrivant à cette adresse
Question : Avez-vous arrêté des policiers parmi les personnes accusées de la tentative de coup d’État « 1987 »?
DOA : Oui, nous avons arrêté des membres de la police, de la gendarmerie et de l’armée ainsi que tous ceux qui étaient associés à l’attentat, leurs noms y ont été mentionnés ou pourraient y être impliqués, avant de les transférer devant le juge, qui décide ce qu’il voit ; notre rôle était de renvoyer le dossier et de ne rien décider.
Question : Certains prétendent que le président Maaouiya a demandé à Mohamed Yehdhih Ould Breidleil de dissoudre l’organisation militaire baasiste. Qu’en est-il au juste?
DOA : Vous pouvez demander au président Maaouiya. Je n’ai pas connaissance de ce sujet.
Question : Vous avez arrêté des civils baasistes, quelle en est la raison ? Ces arrestations ont-elles eu lieu à l’initiative de l’appareil sécuritaire ou sur ordre de la présidence ?
DOA : La présidence ne nous a jamais ordonné d’arrêter qui que ce soit. Nous travaillons dans un domaine bien connu, et informons sur toute personne qui menace la sécurité, le procureur de la République en premier et non le président de la république, puisque nous travaillons sous les ordres du procureur général et du ministère public près de la Cour suprême et du directeur général de la sureté nationale.
Les officiers de police judiciaire que nous sommes, sont chargés d’enquêter avant les arrestations et avant les recherches, nous consultons le procureur de la République, soit en l’appelant par téléphone, en envoyant vers lui l’un de nos élements, qui l’informe sur ce qui s’est passé et lui demande les ordres qui devraient être exécutés pour ce cas. Nous menons des enquêtes, et après avoir terminé la procédure légale bien connue, nous remettons les PV au procureur. Si ce dernier ressent de la peur ou de la cupidité envers le président, il prend des mesures en fonction de cela et c’est lui qui détermine le délit et qui ordonne la poursuite ou non.
Question : dans le dossier baasiste, il est dit que vous avez arrêté des personnes qui n’avaient rien à voir avec cette affaire ?
DOA : C’est totalement faux. Nous n’arrêtons que quelqu’un vers qui les enquêtes nous mènent, et quiconque est arrêté par la Sûreté de l’Etat veut dire qu’elle a été menée vers lui par un fil.
Question: Ne pensez-vous pas que le coup que vous avez porté aux baasistes était dur ?
DOA : Oui, c’est vrai, mais vous devez faire la différence entre l’État en tant qu’entité et entre les cadres techniques. Pour votre connaissance, nous et vous collectons des informations et les fournissons aux autorités judiciaires, lesquelles, frappent comme elles l’entendent, avec une épée, un bazooka ou une pioche. Cela ne nous concerne pas, et comme je l’ai dit plus tôt, une fois que la police arrête quelqu’un, celui-ci prétend avoir été torturé, mais ces maltraitances nécessitent des preuves pour être corroborées.
Question : Quelles sont les raisons des arrestations des baasistes ?
DOA : Les mobiles des arrestations sont le fait que le comité militaire au pouvoir à l’époque avait décidé de sortir de l’armée tous les mouvements ayant des ailes militaires, afin d’apurer l’armée des membres des mouvements politiques et pour la mettre à l’abri du risque de déstabilisation de la sécurité.
Nous avons reçu des informations selon lesquelles les baasistes, avec l’aide d’un pays étranger, cherchent à faire un coup d’État. Certains d’entre eux sont allés à l’étranger, se sont réunis et revenus munis d’informations. Lorsque nous les avons arrêtés et interrogés, nous avons trouvé leurs documents qui reflètent leur véritable profils, formations et mouvements en plus d’une étude complète sur tous les mouvements existants sur la scène politique et des détails sur tous les mouvements politiques en Mauritanie.
Leurs archives comprennent par ailleurs des données se rapportant à leurs effectifs, aux plus activistes parmi eux, les salaires qu’ils perçoivent contre la propagande et les activités qu’ils font. Ces archives qui spécifient leurs adresses et leurs fonctions, le militaire et le civil d’entre eux, avaient été établies en collaboration entre le commandement qatari baasiste et un capitaine de la garde nationale, puis remis à un agent de la gendarmerie nationale les jours des arrestations, vers lequel les recherches nous ont conduits.
Question : Ces archives contiennent-elles des informations sur d’autres mouvements clandestins ?
DOA : Elles comprennent une carte de tous les mouvements et de leurs éléments, qu’ils soient dans l’armée, la police, la gendarmerie et la garde et même dans la rue et les gestionnaires des papeteries. Il s’agit d’une étude globale du paysage du mouvement clandestin à l’époque.
Nous ne les avons pas jugés, mais nous avons documenté ce qu’ils faisaient. Comme le photographe, nous prenons le cliché depuis l’évènement ou les événements ou ce qui s’est passé dans le sujet de l’enquête avant de de transmettre cette photo au procureur.
Question : Pourquoi avez-vous fermé les portes à la tendance islamique modérée, telle que l’association culturelle et ses cheikhs centristes, dont Mohamed Moctar ould Gaguiye, Abdou Maham et d’autres ?
DOA : Il semble que vous ne faites pas de différence entre les décisions de l’Etat et de la Sûreté de l’Etat. Quant à nous, nous avons arrêté des personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes de déstabilisation de la sécurité, de changement de régime et d’introduction de comportements interdits dans le pays. C’est l’État qui dissout les organisations et c’est lui qui leur permet de fonctionner aussi.
Question : Pourquoi avez-vous arrêté les islamistes si rapidement et les avez libérés si vite ?
DOA: Cela relève de l’Etat, et notre rapport a été adressé aux intéressés auxquels nous avons remis aussi les résultats de l’enquête. L’État n’est pas obligé à se conformer à notre avis. C’est plutôt lui le dernier maître de la décision à prendre. C’est aussi au procureur de la République que revient le droit de demander ou non des poursuites, et c’est ce qui se passe dans tous les cas.
Question : Les arrestations des islamistes en 1994 et celles des baasistes en 1995, sont-elles un moyen pour obtenir des fonds étrangers ?
DOA : Les baasistes ont été exposés à de nombreux cas, sur de longues périodes, et ont eu beaucoup d’ennuis. Ils avaient été arrêtés en 1982 alors que j’étais en stage à l’étranger. Vous pouvez poser la question à l’un de mes collègues chargés de les interroger pendant cette période. Je ne suis pas de ceux qui aiment parler à la presse eu égard aux nombreuses fausses informations dont elle dispose, alors que tu veux me rendre responsable, ainsi que la police, des décisions que l’État avait déjà prises. Mais nous ne sommes qu’un instrument d’exécution utilisé par l’État et je ne sais rien de ce que vous dites. L’Etat sait plus la façon avec laquelle il obtient ses ressources et ses financements.