En cette période de rentrée scolaire 2023/2024, c’est peut-être l’occasion de rappeler un sujet bien présent mais ignoré ou éludé par bon nombre de mauritaniens.Il y a dans notre pays une catégorie d’enfants mauritaniens dont la scolarité est de fait plafonné au CM2 et qui n’ont aucun espoir d’avoir un jour un diplôme dans notre pays.
Cela concerne des milliers voir des dizaines de milliers d’enfants mauritaniens. Ce sont ces enfants qu’on peut appeler les victimes du « plafond de fer ».
La différence entre le « plafond de verre » et le plafond de fer est qu’à force de travail et d’abnegation, il est parfois possible de briser par endroit le plafond de verre et de passer à travers. Ce qui est beaucoup, plus difficile s’agissant du « plafond de fer », car celui-ci est administratif et n’est pas fonction de l’effort fourni. Ainsi nous voici en présence d’enfants, dont la scolarité s’achève juste avant l’entrée au collège, non parcequ’ils n’ont pas le niveau, mais parceque limités au CM2, par le plafond de fer! Les voici donc jetés dans les bras de la rue (sous nos yeux), grandissant gorgés de rage plus ou moins contenue par la fumée d’un « joint » et de frustrations accumulées au fil des ans. Bien sûr, il sera tout de même servi à ces jeunes éduqués dans l’ignorance et l’injustice des leçons de morale sur « l’unité nationale », et le « vivre ensemble », n’est-ce pas?
Et quand arrivés à l’adolescence dans une dizaine d’années, certains d’entre eux défraieront la chronique, à Nouakchott ou dans d’autres villes, dans la rubrique fait divers (criminels) illustrant l’insécurité galopante, certains manifesteront pour réclamer de la fermeté en scandant » il faut appliquer la charia contre eux! ».
Mais au fait, qui sont ces dizaines de milliers d’enfants mauritaniens victimes du plafond de fer? Ce sont ces enfants mauritaniens dont les parents mauritaniens sont sans-papiers en Mauritanie!
Chers oulémas, chèrs prêcheurs ces enfants ont aussi besoin de votre aide pour défendre leur droit à l’éducation et à l »instruction aujourd’hui, pour se construire dignement, ne pas devenir une menace sociale et sociétale dans quelques années. Leur cas meriterait bien une khoutba du vendredi en direction de nos dirigeant qui ont décidé de sceller le plafond de fer au dessus de leur tête en fermant quasi-définitivement l’enrôlement à l’état-civil le 31/12/2023, non?
Jumuah mubarak.
Le 06/10/2023
21/03/1445
Thierno Ousmane Ba