Jusqu’ici maîtrisé et de basse intensité, le conflit entre Rabat et Alger est désormais (presque) hors de contrôle.
C’est une métaphore footballistique, osée mais en vogue, issue des coulisses du Palais et que l’on file volontiers en cette fin de 2021 au pays de la Botola – le championnat marocain. À la mi-temps du match qui oppose les Lions de l’Atlas aux Fennecs d’Algérie depuis un an, les premiers mènent trois à zéro.
« Tuer le match »
Le but initial a été marqué le 13 novembre 2020, quand les Forces armées royales (FAR) ont fait sauter le caillot de Guerguerat, à l’extrême sud du Sahara occidental, lequel menaçait de thrombose une artère commerciale vitale pour le Maroc.
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Le deuxième, un mois plus tard, lorsque l’administration américaine a reconnu la marocanité de l’ex-colonie espagnole dans le cadre d’un accord tripartite où la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Royaume joue le rôle d’une assurance-vie.
Le troisième a été « inscrit fin juillet 2021 avec l’ouverture d’un 24e consulat général à Laayoune, la capitale des « provinces du Sud », illustration de l’effritement diplomatique des positions indépendantistes ».
Il s’agit pour la deuxième mi-temps, avance le journaliste, «de bétonner la défense pour tuer le match ».
La stratégie du Maroc, selon Jeune Afrique, réside en le fameux dicton anglais « never complain, never explain ». Ainsi, explique le media, « les consignes du coach marocain – en l’occurrence le roi Mohammed VI – ont été suivies à la lettre. Face aux snipers d’Alger, le mot d’ordre est quasi victorien : Never complain, never explain – ni plaintes ni explications –, dos rond et mâchoires serrées. La rupture des relations diplomatiques, les accusations de pyromanie et de subversion, la fermeture de l’espace aérien et du gazoduc Maghreb-Europe ont été traitées à Rabat comme de simples nuisances, et la reprise des tirs du Polisario contre le mur de défense comme autant de coups d’épingle dans le désert ».
François Soudan estime la situation, désormais « hors contrôle », car d’un côté il est impossible que « la monarchie et le peuple marocains » renoncent à « leur prolongement historique », de l’autre, « le régime incarné par Abdelmadjid Tebboune joue dans ce bras de fer une partie de sa légitimité politique ».
Jeune Afrique