« Nous ne voulons pas que la lutte contre la corruption ne soit qu’un slogan, ou qu’elle se transforme, elle-même, en corruption, par la sélectivité, les règlements de comptes et l’atteinte à l’honneur des personnes sans présomption ni preuve ».
Ces assurances sont celles du Président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.
C’est dans le discours traditionnel adressé à la Nation par le maitre du palais, que Ould Ghazouani s’est voulu plus pragmatique, plus optimiste pour le devenir du pays et objectif dans la présentation de son bilan à mi-parcours, dont il ne se dérobe guère des insuffisances s’engageant à les corriger.
« Certes, le rythme d’exécution de certains projets n’est pas satisfaisant. Il est également vrai qu’il existe des lacunes et des difficultés à certains niveaux. Mais nous en sommes conscients, et nous travaillons à les corriger », a-t-il assuré.
Concernant le dialogue politique en gestation, ou les concertations selon la terminologie officielle, le président Ould Ghazouani est resté fidèle à son engagement de n’exclure personne des pourparlers, réaffirmant qu’il n y aura pas de sujet tabou
« La préparation en cours du lancement d’une concertation nationale inclusive, dans laquelle personne n’est exclu, et aucun sujet n’est tabou, préfigure de l’ancrage progressif chez nous de la tradition d’ouverture et de concertation responsable, et comme une approche fondamentale de gestion des affaires publiques », a-t-il ajouté.
Ne pouvant passer sous silence la flambée alarmante des prix des produits de première nécessité, le président s’est dit pleinement conscient de cet énorme défi et de s’atteler par tous les moyens à le relever.
« Nous sommes conscients que la sécurité alimentaire constitue un enjeu décisif de souveraineté, et qu’il est inévitable pour nous d’atteindre l’autosuffisance, au moins en denrées alimentaires de base », a-t-il dit.
Donnant à son discours plus de pragmatisme, il a mis en exergue certains importants acquis réalisés dans le cadre de cette orientation : plus de six mille hectares de zones agricoles ont été récemment aménagés et réhabilités, et sept mille autres hectares sont en cours de d’aménagement, a-t-il dit.
« A ces superficies s’ajoutent deux mille hectares déjà aménagés et quinze mille hectares en cours d’aménagement par le secteur privé », a-t-il poursuivi.
Toujours dans sa volonté de rassurer sur le devenir du pays, il dira: plus de soixante barrages et vingt-deux ouvrages de retenue d’eau ont été construits, six cent cinquante-cinq kilomètres linéaires de clôture réalisés, au moment où les agriculteurs ont reçu des intrants agricoles, un soutien a été apporté aux agriculteurs affectés par les aléas, et 1 500 charrues ont été distribuées. Le programme de développement des oasis s’est poursuivi et plus de huit mille hectares dédiés à la culture maraîchère ont été aménagés.
Senalioune vous présente ci-après l’intégralité de cet important discours qui rompt totalement avec les allocations traditionnelles réputées par leur improvisation et leur déconnexion de la triste et déplorable réalité du terrain:
«
Au nom d’Allah le Clément, le Miséricordieux
Mes Chers concitoyens,
Demain, nous célébrons, ensemble, le soixante et unième anniversaire de la fête nationale de l’indépendance, le fête de la fierté et de la gloire.
L’indépendance de notre pays a constitué un événement décisif dans l’histoire de notre fier peuple, dont les racines ont été plantées par les héros de notre résistance nationale, et arrosées du sang des martyrs et de l’encre de luciole, jusqu’à ce qu’elles produisent la liberté et la souveraineté, sous les auspices d’un État moderne et indépendant. Pour cela, ils ont une reconnaissance permanente et une gratitude renouvelée à chaque vingt-huit novembre.
C’est le lieu pour moi de féliciter nos forces armées et nos forces de sécurité pour leurs efforts gigantesques dans la défense de l’indépendance et de la souveraineté du pays et dans la préservation de sa sécurité et de sa stabilité. En même temps, je salue tous les fils de notre peuple qui ont contribué, génération après génération, à la libération de notre pays et à la mise en place de l’Etat mauritanien moderne, en l’engageant sur la voie du développement et de la croissance.
L’accomplissement des sacrifices de tous ceux-ci nous oblige à raffermir constamment notre détermination et notre engagement afin de construire un pays prospère sur la base d’un développement global et durable.
En cela nous comptons, après Allah le Tout-Puissant, sur notre chère jeunesse. Car ce sont vous les jeunes qui êtes le cœur battant de notre nation et le pilier de son présent et de son avenir.
.Je suis intimement convaincu que l’essor de notre pays demeure tributaire de notre capacité à vous offrir une éducation de qualité et une formation professionnelle efficace, de promouvoir votre accès au marché du travail et votre participation à la prise de décision à différents niveaux. C’est ainsi que nous saurons tirer le meilleur parti de vos énergies créatrices, en tant qu’acteurs authentiques en qui nous fondons l’espoir de réaliser nos aspirations au progrès et à la prospérité.
Chers compatriotes,
Au cours de la période écoulée, nos efforts se sont concentrés sur la réalisation de la justice sociale en luttant contre la pauvreté, la précarité, l’injustice et l’exclusion, et sur la construction d’un développement global et durable. À cet égard, nous avons été en mesure d’accomplir de nombreuses et importantes réalisations.
Certes, le rythme d’exécution de certains projets n’est pas satisfaisant. Il est également vrai qu’il existe des lacunes et des difficultés à certains niveaux. Mais nous en sommes conscients, et nous travaillons à les corriger.
Je vous promets, encore une fois, qu’avec l’aide d’Allah, ce que nous vous avons promis s’accomplira, malgré les circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous vivons, et que vit le monde dans son ensemble, depuis plus de deux ans.
A cet effet, nous concentrerons notre attention sur l’instauration d’une bonne gouvernance et sur la lutte contre toutes les formes de corruption. La corruption, par sa nature, sape les piliers du développement, en gaspillant les ressources de l’État, en empêchant les projets d’atteindre leurs objectifs, en violant la justice distributive des richesses et en attentant aux règles de l’État de droit, ce qui affaiblit la confiance des individus en lui, et affecte le tissu social dans sa profondeur.
Nous ne voulons pas que la lutte contre la corruption ne soit qu’un slogan, ou qu’elle se transforme, elle-même, en corruption, par la sélectivité, les règlements de comptes et l’atteinte à l’honneur des personnes sans présomption ni preuve. Nous voulons plutôt qu’il s’agisse d’un travail institutionnel efficace, par lequel les ressources de l’État sont préservées, et les corrupteurs sanctionnés conformément aux textes en vigueur.
Ainsi, nous redoublerons d’efforts pour renforcer l’indépendance des autorités judiciaires et législatives, moderniser le code des marchés publics, ainsi qu’intensifier l’activité des organes de surveillance et de contrôle, par l’envoi de leurs équipes dans tous les établissements publics et secteurs ministériels. Nous nous pencherons, immédiatement, et chaque fois que nécessaire, sur les rapports qu’ils émettent et qui seront suivis d’effets immédiats.
Nous continuerons également à mettre l’accent sur la réforme de l’administration, car il n’est plus acceptable que notre administration ne soit pas plus proche du citoyen, plus à son écoute, et plus preste à lui répondre et à résoudre ses problèmes. Un citoyen doit pouvoir effectuer ses démarches administratives avec souplesse et aisance, obtenir les éclaircissements dont il a besoin, accéder diligemment et dignement à ses droits, du seul fait de sa qualité de citoyen.
Citoyens, citoyennes,
Au cours des deux dernières années, nous avons œuvré sans relâche pour fournir une couverture de sécurité sociale aux classes vulnérables, à travers des plans et des programmes ambitieux, que nous avons constamment adaptés avec l’évolution des répercussions de la pandémie de Covid 19, afin de renforcer la résilience de nos citoyens face à la pandémie.
Ainsi, par exemple, plus d’un million trois cents mille personnes ont bénéficié d’un soutien direct alimentaire et financier, et cent mille familles ont été intégrées au système de transfert monétaire direct. De même, il a été procédé à la distribution de plus de deux milliards d’ouguiyas dans le cadre des différentes opérations du programme Tekavoul, en plus de l’octroi d’une assurance maladie complète à cent mille familles pauvres, soit environ six cent vingt mille personnes.
Parallèlement, des actions ont été conduites pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens face à la vague de hausse des prix. Cette hausse est consécutive à des facteurs qui ne peuvent être contrôlés ou prédits, tels que la hausse des prix des denrées alimentaires et des coûts de transport international.
En dépit de cette situation, nous continuerons à tout mettre en œuvre pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens grâce à l’approvisionnement régulier des magasins de d’alimentation, assurer la régulation du marché et empêcher diverses formes de spéculation et de monopole grâce à une centrale d’achat et d’approvisionnement, récemment mise en place.
Nous sommes conscients que la sécurité alimentaire constitue un enjeu décisif de souveraineté, et qu’il est inévitable pour nous d’atteindre l’autosuffisance, au moins en denrées alimentaires de base. Par conséquent, plus de six mille hectares de zones agricoles ont été récemment aménagés et réhabilités, et sept mille autres hectares sont en cours de d’aménagement. A ces superficies s’ajoutent deux mille hectares déjà aménagés et quinze mille hectares en cours d’aménagement par le secteur privé. De plus, soixante barrages et vingt-deux ouvrages de retenue d’eau ont été construits, six cent cinquante-cinq kilomètres linéaires de clôture réalisés, au moment où les agriculteurs ont reçu des intrants agricoles, un soutien a été apporté aux agriculteurs affectés par les aléas, et 1 500 charrues ont été distribuées. Le programme de développement des oasis s’est poursuivi et plus de huit mille hectares dédiés à la culture maraîchère ont été aménagés.
Nous avons également œuvré au développement de notre élevage. A l’effet de promouvoir ce secteur, nous avons créé un département ministériel et lancé de vastes programmes de construction de parcs de vaccination animale, d’abattoirs, de marchés à bétail et d’unités de transformation laitière, afin d’intégrer cette importante filière dans le circuit économique et de développer sa valeur ajoutée. Nous avons également pris des mesures préventives pour protéger les éleveurs des répercussions négatives du déficit pluviométrique de cette année sur le couvert végétal.
Afin de résorber le chômage des jeunes, la formation professionnelle a été renforcée par la création de nouvelles institutions de formation, l’organisation de nombreuses formations, la création de dizaines de milliers d’emplois dans les secteurs public et privé, et la financement de centaines de projets pour les jeunes dans les différentes wilayas, en plus du lancement de la deuxième phase d’un programme élargi visant à créer neuf mille emplois en partenariat avec le secteur privé.
Pour renforcer la participation des femmes à la vie active et leur inclusion dans le cycle économique, de nombreuses coopératives et petites entreprises ont été financées au profit de six mille femmes, et cinq mille parcelles de terrain ont été allouées à la construction de logements sociaux au profit de familles vulnérables.
Le pilier du développement étant par essence la promotion des ressources humaines, nous nous sommes attelé à renforcer notre système éducatif en élargissant l’offre, en élevant le niveau de qualité de l’éducation et en améliorant fondamentalement les conditions des enseignants. La création du Conseil national de l’éducation et le lancement du processus de concertation sur la réforme du système éducatif ont constitué un tournant important dans le cadre de la réforme à laquelle nous aspirons tous.
Nous avons également travaillé à développer notre système de santé et à fournir les vaccins nécessaires pour vacciner nos citoyens les plus vulnérables. Cela a renforcé notre capacité à faire face à la pandémie et à prendre en charge les malades de manière appropriée. Parallèlement à ces actions, il a été procédé au lancement de plusieurs grands projets pour favoriser l’accès régulier des citoyens aux services de base de qualité, tels que l’eau et l’électricité.
Au cours de l’année écoulée, cent quarante-cinq réseaux d’eau ont été achevés, deux cent soixante-cinq puits artésiens ont été forés et cent quatre-vingt-quinze puits ont été dotés d’équipements à énergie solaire.
Ces installations d’eau ont coûté environ onze milliards d’ouguiyas anciennes et ont profité à quatre cent quarante-sept villages dans les différentes wilayas du pays.
Le système de production et de distribution d’énergie de notre pays a également été amélioré grâce à la poursuite des travaux d’extension des réseaux dans une centaine de villes, et la construction des lignes à haute tension pour relier Nouakchott à Nouadhibou, Nouakchott et Zouerate, Nouakchott avec le la République sœur du Sénégal, en plus des réseaux basse et moyenne tension dans les régions de l’est et du sud.
Des travaux sont en cours pour réorganiser la Société mauritanienne d’électricité afin de compléter la séparation entre les fonctions de production, de transport, de distribution et de commercialisation, d’une manière qui améliore les programmes d’éclairage et étend et intensifie les réseaux dans les villes et les zones rurales.
Toutes ces réalisations et d’autres, qu’il serait fastidieux de citer ici, ont été accomplies dans une atmosphère politique apaisée et responsable, que nous avons tenu à assurer dès les premiers instants, en nous ouvrant à toutes les sphères de notre scène politique et sociétale, et en échangeant avec elles sur les grandes questions nationales.
La préparation en cours du lancement d’une concertation nationale inclusive, dans laquelle personne n’est exclu, et aucun sujet n’est tabou, préfigure de l’ancrage progressif chez nous de la tradition d’ouverture et de concertation responsable, et comme une approche fondamentale de gestion des affaires publiques.
Chers compatriotes,
Hier, j’ai su compter sur vous pour la réussite de notre vision d’avenir pour ce pays, et vous ne m’avez pas déçu. Aujourd’hui, je compte sur vous, encore une fois, pour la traduire en réalité tangible, afin de construire ensemble la patrie que nous voulons tous : une patrie où il n’y a ni précarité ni exclusion, la patrie de la liberté, de la dignité et du développement global et durable.
Longue vie à vous
Vive la Mauritanie libre, sûre et prospère.
Que la paix et la miséricorde d’Allah soient sur vous ».