Note de l’auteur :
Cette série, pure fiction, anticipe sur des événements qui pourraient avoir lieu suite à l’Affaire de Ould Abdel Aziz, communément appelée « De la décennie ». Certains propos tenus, sont ceux d’avocats dont les noms n’ont pas été changés. Mais en général, tous les propos contenus dans les interventions expliquent au grand public des détails importants pour mieux comprendre certains aspects juridiques du débat que pourrait susciter l’ouverture du procès. L’auteur que je suis, cherche par la publication de cette série à aider les mauritaniens à mieux comprendre les enjeux d’une bataille juridique que pourrait déclencher le renvoi de cette affaire devant une juridiction.
COMPARUTION DU PREVENU N° 1 (OULD ABDEL AZIZ).
CINQUIEME PARTIE
Le Président du Tribunal :
- « Tant mieux ! C’est bien. Je dois vous poser quelques questions sur vos relations d’intérêts avec l’homme d’affaire Mohiédine Ould Bouh, sur l’achat effectué des huit avions de la flotte de la MAI (Mauritania Airlines Internationale), sur les contours du montage du financement de la construction de l’aéroport international de Oumtounsi, sur la construction de l’immeuble de la SNIM et sur la vente du patrimoine foncier de l’Etat. Par laquelle des sujets vous voulez qu’on commence ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Est-ce que je peux avoir un verre d’eau glacé à boire si possible ? ».
Le Président du Tribunal :
- « Vous venez de dire que vous n’avez pas soif. Les questions que je vais vous poser vous assèchent déjà la gorge ? »
Ould Abdel Aziz :
- « ‘ils’ ne vous ont pas fait un cadeau en vous choisissant pour me juger. Je crois que, malheureusement pour vous, vous ne savez vraiment pas à qui vous avez à faire ! Je n’ai pas soif, ma gorge n’est pas sèche et vos questions ne m’assècheront pas la gorge. Par contre, ce que je crains moi c’est que les réponses à vos questions ne vous assèchent vous la gorge ! »
Le Président du Tribunal :
- « ‘ils’ qui ? De qui vous parlez ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Evidemment que je parle de ceux qui vous ont choisi pour me juger… à leur satisfaction. »
Le Président du Tribunal :
- « Mohamed. Encore une fois, je vous rappelle à l’ordre et à la politesse dans vos propos. Je ne suis pas là pour une partie de spectacle et vous non plus. C’est un dernier avertissement que je vous donne. Ne recommencez plus jamais à faire le plaisantin avec moi. Je vous rappelle que vous êtes un prévenu appelé à la barre. Vous avez donc beaucoup intérêt à mesurer vos propos et à collaborer franchement avec le tribunal. J’attire votre attention sur le fait qu’en plus de tout ce que vous direz ici et qui sera retenu contre vous, votre discipline comptera dans la balance de l’appréciation de votre comportement en tant que personne en conflit avec la loi. Souvenez-vous-en. Je ne veux plus perdre mon temps à vous donner des leçons de civisme. Que vous devez normalement réciter par cœur si vous n’aviez pas consacré les dix ans devotre pouvoir pour faire des affaires douteuses qui transgressent la loi de votre pays ! »
Ould Abdel Aziz :
- « Mais vous non plus vous ne mesurez pas vos propos. Moi aussi je vous rappelle que je ne suis même pas obligé de vous répondre. Encore moins lorsque vous vous adressez à moi en termes peu respectueux ! Vous devez donc vous aussi vous souvenir ce que je vous rappelle une fois encore, que vous n’avez pas affaire à n’importe qui. Et vous le savez très bien. »
Le Président du Tribunal :
- « Je sais bien à qui j’ai affaire. J’ai affaire à un citoyen mauritanien en conflit avec la loi de son pays et peut-être même en conflit avec la loi d’autres pays. En d’autres termes, j’ai affaire à un accusé de crimes, de délits économiques et financiers et d’infractions morales envers la société mauritanienne, infractions aggravées par des circonstances qui ne sont pas atténuantes.
Si dans votre esprit vous Mohamed, vous croyez que vous ne vous trouvez pas là où vous devez vous retrouver, dans mon esprit moi, je sais que je suis là où je dois être et que je suis ce que je suis. C’est à dire un magistrat qui préside une audience qui vous juge vous, pour des faits pour lesquels vous avez intérêt à vous défendre au lieu de jouer à un ancien président nostalgique d’un pouvoir qu’il avait pris par effraction constitutionnelle et dont il abusait pour commettre des crimes et délits qui relèvent du grand banditisme en bande organisée. Pour moi, comme pour ce tribunal, jusqu’à preuve contraire, vous n’êtes qu’un délinquant économique et financier. ».
Maitre Ould Ichidou.
- « Monsieur le Président. S’il vous plait, je demande la parole ! »
Le Président du Tribunal :
- « Demande Accordée. Allez-y Maître. Vous avez la parole ! »
Maitre Ould Ichidou.
- « Merci Monsieur le Président ! Vous avez dit tout à l’heure que ce tribunal ne juge pas notre client en sa qualité de président, « mais en sa qualité d’ancien président nostalgique d’un pouvoir qu’il avait pris par effraction constitutionnelle et dont il abusait pour commettre des crimes et délits qui relèvent du grand banditisme en bande organisée ». Vous l’avez également traité de délinquant économique et financier.
Monsieur le Président. Si pour vous, notre client est auteur de crimes et délits qui relèvent du grand banditisme en bande organisée, pour nous, pour ce public dans la salle et pour beaucoup de mauritaniens, cet homme est un symbole. Un très grand symbole. Le traiter de « délinquant » même de délinquant économique et financier est très déplacé. C’est pourquoi, nous, collectif de la défense de l’ancien président, nous vous demandons de présenter vos excuses à notre client pour vos propos irresponsables et inacceptables.
Monsieur le président, le collectif de défense de l’accusé pense que vous ne devez pas voir à travers notre client un ennemi du pouvoir, -ce qui semble être le cas-, mais plutôt un citoyen innocent au vu de la loi tant que sa culpabilité n’a pas été établie.
C’est pourquoi, nous, Collectif de défense de l’accusé, protestons vivement contre vos agissements et vous demandons, Monsieur le Président, de prouver votre réelle intégrité morale dans l’appréciation des faits et dans l’application du droit. En conséquence, nous vous demandons s’il vous plait, de retirer le mot « délinquant » et à travers nous de présenter des excuses à notre client qui a été dix ans durant le bâtisseur de cette nation. »
Le Président du Tribunal :
- – « J’avoue avoir été un moment excessif dans mes propos en traitant l’accusé de « délinquant économique et financier.» C’est pourquoi, au nom de ce tribunal que je préside, je présente mes excuses au collectif de la défense du mis en accusation. »
Maitre Ebety : (qui demande la parole).
- « Monsieur le Président ! je peux intervenir s’il vous plait ? »
Le Président du Tribunal :
- « Non ! Vous ne pouvez pas intervenir. Le débat sur ce sujet est clos. Maintenant je m’adresse à vous l’accusé. ».
Mohamed. L’histoire retiendra à votre actif et durant la décennie au cours de laquelle vous avez présidé à la destinée de ce pays des choses positives que vous avez réalisées. Pour rester dans le domaine qui nous intéresse, je citerai par exemple la construction d’un aéroport moderne qui répond aux exigences des normes requises pour l’exploitation des vols commerciaux. Et, pour rester cohérent avec vous-même, pour les exigences et les besoins d’un trafic aérien évolutif, vous avez acheté une flotte d’avions. Ces bonnes choses réalisées peuvent évidemment -peut-être-, je dis bien peut être, jouer en faveur d’une reconsidération de quelques charges retenues contre vous. Pour le moment nous n’en sommes pas là. La question que je veux vous poser est la suivante… »
(Il est interrompu par Me Ebety).
Maitre Ebety :
- « Objection Monsieur le Président ! Vous ne vous rendez peut être pas compte mais vous êtes entrain de « chanter » les louanges d’un homme qui n’a jamais fait quoique ce soit pour l’intérêt de son pays mais plutôt pour son intérêt personnel et celui de son entourage. Tout le monde sait qu’il n’a fait au pays qu’un cadeau empoisonné en construisant un aéroport à la « Twizé » et en achetant une flotte pacotille ! »
Le Président du Tribunal :
- « Maitre Ebety. Retirez immédiatement le mot « chanter » que vous venez de prononcer ! Si encore une fois vous m’interrompez pour quelle raison ou motif que ce soit, je vous expulserais de cette salle. Prenez-le comme un dernier avertissement. »
Maitre Ebety :
- « Je retire le mot Monsieur le Président ! »
Maitre Lô Gourmo :
- « Mais, Monsieur le Président nous sommes en droit de vous rappeler que vous êtes là pour juger un prévenu, pas pour dresser un bilan de ce qu’il a fait de positif. Ce prévenu qui se tient en face de vous n’a jamais été un président au sens constitutionnel du terme. Il n’a été qu’un tâcheron malhonnête d’ailleurs, qui s’était investi de tous pouvoirs pour instaurer un régime d’exception de gabegie et de vols en bandes organisées. Maitre Ebety a parfaitement raison ! Nous ne sommes pas ici pour vous écouter chanter les louanges d’un homme qui a mis le pays en sens dessus-dessous sur tous les plans économiques et financiers.
Le Président du Tribunal :
- « Maitre Gourmo, je vous prie de quitter cette salle immédiatement ! »
Maitre Abderrahmane : (Collectif de défense de l’Etat, partie civile)
- « Monsieur le Président ! Est-ce que vous avez pris vos médicaments ce matin ? »
Le Président du Tribunal :
- « Maitre Abderrahmane. Qu’est-ce que vous venez de dire ? »
Maitre Abderrahmane :
- « J’ai demandé si vous vous sentez bien Monsieur le Président ! »
Le Président du Tribunal :
- « Non. Non ! Ce n’est pas ce que vous avez dit. Je vous demande-de-répéter -mot-à-mot ce que vous venez de dire !. »
Maitre Abderrahmane :
- « Je vous ai demandé est-ce que vous avez pris vos médicaments ce matin ? »
Le Président du Tribunal :
- « Parce qu’on vous a dit que je prends des médicaments ? »
Maitre Abderrahmane :
- « On m’a dit que vous traitez une petite tension chronique. »
Le Président du Tribunal :
- « Et qu’est-ce qu’on vous a dit encore de moi? »
Maitre Abderrahmane :
- « Rien Monsieur le Président. Rien ! »
Le Président du Tribunal :
- « Maitre Abderrahmane, je vous ordonne vous aussi de quitter immédiatement cette salle. »
Maitre Ebety :
- « Monsieur le Président ! Si vous renvoyez de la salle Maitre Gourmo et Maitre Abderrahmane, nous allons nous autres aussi nous retirer! »
Le Président du Tribunal :
- « Faites comme vous voulez ! J’ordonne à ces deux avocats de quitter immédiatement cette salle. Ma décision est irrévocable ! »
(Le Collectif de défense de la partie civile se retire. Il suit un grand brouhaha).
Le Président du Tribunal : (qui tape sur la table)
- « Silence dans la salle ou je fais évacuer tout le monde ! »
Le Ministère Public :
- « Monsieur le Président. Je vous demande de suspendre la séance en attendant de remettre de l’ordre pour la suite des débats ! »
Le Président du Tribunal :
- « Proposition rejetée ! »
Le Ministère Public :
- « Monsieur le Président. On ne peut pas juger un accusé sans la présence du collectif de la partie civile qui s’est retiré !»
Le Président du Tribunal :
- « Ce n’est pas à vous de juger si l’accusé peut être jugé et dans quelles conditions il peut l’être. Avec ou sans défense, il sera jugé. Le collectif de défense de la partie civile a décidé de quitter la salle. C’est le collectif qui assume cette responsabilité ! »
Maitre Taleb Khyar :
- « Monsieur le Procureur ! Le collectif de défense de la partie civile, l’Etat mauritanien, conscient qu’il ne peut pas apporter des preuves qui étayent les accusations qui pèsent sur notre client a mis en avant un prétexte pour abandonner la partie ! Le tribunal ne doit pas leur faire la cour pour leur demander de revenir dans la Salle! »
Le Président du Tribunal :
- « Maitre Khyar qui vous a donné la parole ? »
Maitre Taleb Khyar :
- « Personne Monsieur le Président. Je voulais juste faire une observation !
Le Président du Tribunal :
- « Maitre Khyar. Vos observations vous les gardez pour vous. Si je vous entends encore même une seule fois parler sans autorisation, vos observations la prochaine fois vous allez les faire dans votre cabinet où à votre domicile. J’espère que je me suis bien fais comprendre ? »
Maitre Taleb Khyar :
- « Vous vous êtes bien fait comprendre Monsieur le Président ! »
Le Ministère Public :
- « Monsieur le Président. Je vous demande encore une fois de revenir à des sentiments meilleurs. Pour qu’un procès soit équitable, il est évident que la présence de tous les collectifs de défenses est indispensable. Par conséquence, le Ministère Public que je représente, demande le retour du collectif de défense de l’Etat dans la salle avant de poursuivre le débat ! »
Le Président du Tribunal :
- « Il n’a jamais été refusé au collectif de défense la partie civile (l’Etat) de rester dans la Salle. Les avocats ont pris sur eux la responsabilité de leur agissement ! Qu’ils reviennent s’ils veulent personne ne les en empêche, ou qu’ils restent dehors si c’est leur choix. Nous n’allons pas perdre le temps sur un détail sans importance. »
Le Ministère Public :
- « Ce n’est pas un détail sans importance Monsieur le Président ! C’est un problème qui se pose et pour lequel je crois qu’il est de votre responsabilité de trouver une solution ! »
Le Président du Tribunal :
- « Un problème pour vous peut-être mais pas pour moi. Et puis arrêtez de jouer au médiateur dans ce qui ne vous regarde pas. J’ai expulsé Me Gourmo et Me Abderrahmane de cette Salle et je ne reviens pas sur ma décision ! Le débat est clos sur ce sujet.
Je m’adresse maintenant à vous Mohamed. Durant la décennie au cours de laquelle vous avez présidé à la destinée de ce pays vous avez acheté une flotte d’avions. Deux (2) Boeing 737-500, un (1) Boeing 737-700, un (1) Ambraer ERJ 145, un (1) Boeing 737-800, (1) Boeing 737-Max 8 et deux (2) Ambraer E175LR.
Pourquoi huit avions pour un pays de 4 millions d’habitants, qui ne dispose pas assez d’infrastructures aéroportuaires opérationnelles et conventionnelles ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Pourquoi vous me posez cette question à moi ? Je ne suis ni le directeur Général, ni le directeur commercial, ni le directeur d’exploitation de la MAI. Pourquoi donc vous me posez cette question à moi ? »
Le Président du Tribunal :
- « Mohamed Combien de fois je vous l’ai dit et répété. C’est moi qui pose les questions pas vous. . Je répète ma question. Pourquoi l’achat de 8 avions pour un pays de 4.000.000 d’habitants où les infrastructures aéroportuaires sont les moins développées de la région. Le Sénégal pays voisin qui compte 16 millions d’habitants ne dispose que d’une flotte de 5 avions. Le Sénégal, vous le savez mieux que moi, (puisque c’est quelque part aussi votre pays), qui assure une très importante desserte en Afrique de l’Ouest, qui dispose d’aéroports techniquement exploitables et qui est un pays de destination touristique privilégiée ne dispose que de 5 avions. Pourquoi 8 avions en Mauritanie pour seulement cinq aéroports conventionnellement exploitables ? Répondez à ma question.»
Ould Abdel Aziz :
- « Posez la question à votre ami qui était ministre de l’équipement et des transport. Il est là dans le box des accusés. »
Le Président du Tribunal :
- « Parce que pour vous j’ai un ami dans le box des accusés ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Je veux dire celui qui a coopéré avec la justice. Avant d’être premier ministre, il était ministre de l’Equipement et des transports. C’est lui qui avait géré certains de ces dossiers ! Posez-lui la question. »
Yahya Ould Hademine : (depuis le box des accusés)
- « Faux. Il a menti ! C’est lui qui gérait tous les dossiers liés à l’achat des aéronefs de la flotte achetée pour la MAI, société qu’il avait créée à son gout et dans son intérêt personnel ! »
Le Président du Tribunal :
- « Monsieur Hademine, retirez tout ce que vous venez de dire ! »
Yahya Ould Hademine :
- « Je retire ce que je viens de dire Monsieur le Président. Mais Monsieur le Président. Permettez-moi s’il vous plait d’avancer les preuves de ce que j’ai dit »
Le Président du Tribunal :
- « Je ne vous permet rien. Et si je vous entends encore parler si vous n’êtes pas à la barre, je vous renvoie dans votre cellule. C’est clair ? »
Yahya Ould Hademine :
- « C’est clair Monsieur le Président. »
Ould Abdel Aziz :
- « Toujours le même. Un Beni OUI-OUI, même en pleine audience. Il me dégoûte. »
Yahya Ould Hademine :
- « Toi ? Tu sais très bien que rien ne te dégoute. Tu as du goût pour tout ce qui peut te rapporter quelque chose ! »
Le Président du Tribunal : (Qui tape sur la table).
- « Silence tous les deux. Vous règlerez vos comptes plus tard à la Maison d’Arrêt. Et croyez-moi vous aurez assez de temps pour le faire ! ».
Le Président du Tribunal :
- « Mohamed. En fin mars 2019, en personne vous avez réceptionné le premier Ambraer E175LR. Vous avez fait faire un grand tapage sur cette cérémonie qui s’est déroulée sous les feux des projecteurs en présence du Premier Ministre de l’Epoque Mohamed Salem Ould Béchir, du Ministre de l’Equipement et des Transports Isselmou Ould Sidi el Moctar Ould Lehbib et de votre Directeur de Cabinet Ahmed Ould Bahiya. L’Avion réceptionné à grand coup publicitaire était-il un avion sorti des usines du Concessionnaire. Répondez par oui ou non ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Je crois que « Oui » ! »
Le Président du Tribunal :
- « Vous croyez, ce qui signifie que vous n’êtes pas certain ? Je reprends ma question pour mieux me faire comprendre : L’Avion réceptionné à grand coup publicitaire en mars 2019 était-il oui ou non un avion directement sorti des usines du concessionnaire brésilien. »
Ould Abdel Aziz :
- « Je ne réponds pas à cette question. »
Le Président du Tribunal :
- « On peut savoir pourquoi vous ne répondez pas à cette question ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Parce que je ne sais pas où vous voulez en venir ! »
Le Président du Tribunal :
- Je crois plutôt que la raison est simplement parce vous avez deviné où je veux en venir !»
Ould Abdel Aziz :
- « Et où vous voulez en venir ? »
Le Président du Tribunal :
- L’avion que vous avez réceptionné en grande pompe qui a été acheté pour un montant de 86,9 millions de dollars était en fait un avion de seconde main.»
Ould Abdel Aziz :
- « C’est lui qui vous l’a dit ? »
Le Président du Tribunal :
- « Lui qui ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Votre agent de renseignements ? »
Le Président du Tribunal :
- « Ça ne va pas recommencer ! Mohamed arrêtez ce cirque Svp. Vous êtes en train de vous donner en spectacle ! Je vous pose des questions qui peuvent aussi aider à vous disculper de certaines accusations portées contre vous ! »
Ould Abdel Aziz :
- « Je peux savoir pourquoi, vous vous acharnez sur la flotte des avions. Dans le chapelet d’actes d’accusations retenus contre moi et cités dans le dossier de l’enquête dont copie a été transmise à mes avocats, nulle part la question de la flotte de la MAI n’a été évoquée. Qu’est ce qui pousse maintenant votre curiosité à savoir tout sur ces avions ? »
Le Président du Tribunal :
- « Il y’a quelque chose que vous semblez oublier Mohamed. Dans les actes d’accusations portés contre vous la corruption tient une place importante ! »
Ould Abdel Aziz :
- « Et qu’est-ce que l’acquisition de la flotte des avions a de rapport à voir avec la corruption ? »
Le Président du Tribunal :
- « Très bonne question. Qu’est-ce que la flotte des avions de la MAI a à avoir avec la corruption ? Les pots de vins. Mohamed ! Les pots de vins ou si vous voulez les dessous de tables. »
Ould Abdel Aziz :
- « «’Il’ vous a dit que moi, j’ai reçu des pots de vins pour l’achat des avions ? Je mets en défi quiconque, qu’il soit Premier Ministre, Ministre, Directeur d’Etablissement Public ou parapublic, Directeur de société nationale ou internationale d’apporter la moindre preuve que j’ai été corrompu pour quoique ce soit, par qui ce soit. Un menteur, il l’a toujours été et il est resté. »
Le Président du Tribunal :
- « De quel menteur vous parlez Mohamed ? »
Ould Abdel Aziz :
- « De votre fournisseur d’informations mensongères. »
Le Président du Tribunal :
- « Pour le moment, laissons de côté notre fournisseur d’informations et parlons plutôt de votre fournisseur d’avions.
Mohamed vous avez acheté des avions Boeing et des avions Ambraer. Donc des avions auprès du Concessionnaire américain Boeing cinq, et trois auprès du Concessionnaire Brésilien Ambraer. Mohamed je vais vous demander de vous concentrer pour répondre à quelques questions bien précises. Il va de votre intérêt puisque tout ce que vous direz, sera évidemment retenu contre vous.
Vous avez créé la MAI (Mauritanienne AIRLINE) par décret en 2009. Elle avait lancé ses activités en décembre 2010. A cette époque elle ne disposait que de trois avions, tous les trois des Boeing. Deux 737-500, et un 737-700.
A cette époque aussi, il y’avait un trio arbitral dont les éléments se connaissent très bien. Vous à la tête du pays, Yahya Ould Hademine celui que vous traitez de n’importe qui et de n’importe quoi qui était à cette date ministre de l’Equipement et des Transports, et puis Hassena Ould Ely DG de la MAI, celui dont le nom revient en écho dans plusieurs dossiers pour lesquels vous êtes jugé en ce moment.
A cette époque, tous les trois, vous formez un véritable « triangle des Bermudes » de malversations, de détournements et de corruptions qui a englouti des millions de dollars de l’argent du contribuable mauritanien. Je dis l’argent du contribuable mauritanien, parce que le capital de la Société la MAI est entièrement détenu par l’Etat mauritanien.
Je disais donc qu’à l’époque du lancement des activités de la société MAI, vous avez acheté trois avions : Le 737-700, acheté à Air Sénégal, selon certaines sources, officiellement facturé pour un montant de 77.7 millions de dollars alors que parait-il, il a été acquis en réalité pour un montant de 25 millions de dollars seulement. C’est cet appareil qui était basé à Perpignan, pour cause de litige entre la Royal Air Maroc et le gouvernement Sénégalais.
Ould Abdel Aziz :
- « C’est lui qui vous l’a dit ? »
Le Président du Tribunal :
- « Arrêtez d’accuser Monsieur Hademine. Ce sont les informations recueillies et recoupées qui le disent »
Ould Abdel Aziz :
- « Ces chiffres sont faux. Complètement faux ! ? »
Le Président du Tribunal :
- « Alors quels sont les vrais chiffres ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Posez la question à ces experts que vous avez pris comme consultants et qui ont été très bien payés sur l’argent du contribuable mauritanien pour aller enquêter à travers le monde. Sinon posez la question au Ministre de l’équipement et des transports de l’Epoque. Il a collaboré»
Le Président du Tribunal :
- « Mais c’est vous l’accusé. C’est à vous de vous défendre. Pas eux ! »
Ould Abdel Aziz :
- « A moi de me défendre contre quoi ?»
Le Président du Tribunal :
- « Contre les accusations de corruption portées contre vous ! »
Ould Abdel Aziz :
- « Mais pourquoi vous voulez toujours que ce soit moi l’accusé et pas les autres ? »
Le Président du Tribunal :
- « De quels autres vous parlez Mohamed ? »
Ould Abdel Aziz :
- « De ceux qui ne vivent que de la corruption et qui même, jusqu’au au moment où je vous parle se font encore corrompre! Et qui ne sont pas inquiétés du tout. »
Le Président du Tribunal :
- « Vous pouvez citer des noms ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Evidemment que je peux citer des noms et même beaucoup de noms ! »
Le Président du Tribunal :
- « Bien je vous écoute. Citez-moi des noms ! »
Maitre Taleb Khyar :
- « Objection Monsieur le Président ! C’est de l’incitation à la provocation. Vous êtes en train de désorienter notre client par des questions qui ne sont pas en relation avec le sujet du débat ! »
Le Président du Tribunal :
- « Objection rejetée. Maitre Khyar la porte par laquelle sont passés vos collègues du pôle de défense de la partie civile est encore grande ouverte. Si vous ne voulez pas passer par là, je vous conseille de vous taire et de ne plus nous interrompre.
Je reviens à vous Mohamed. Puisqu’apparemment vous connaissez bien le milieu de la corruption, ce qui ne me surprend pas et dont je suis persuadé, donnez-moi les noms que vous connaissez de tous les corrompus dans les montages financiers de l’achat de ces avions !»
Ould Abdel Aziz :
- « Pourquoi vous vous intéressez seulement aux montages financiers de l’achat des avions ? »
Le Président du Tribunal :
- « Parce que pour le moment nous sommes en train de parler de vos achats des avions de la flotte de la MAI. Et pas d’autre chose ! »
Ould Abdel Aziz :
- « Il faut pourtant qu’on parle d’autre chose ! »
Le Président du Tribunal :
- « Le moment venu. Mais nous ne sommes pas là pour parler de ce duquel vous voulez vous qu’on parle. Mais de ce duquel nous voulons nous qu’on parle. C’est pourquoi je reviens donc sur les appareils achetés par la MAI.
Le second Boeing acheté est le 737-500 pour lequel le Directeur Général de la MAI de l’époque avait effectué une mission à Prague. C’est un avion qui avait effectué son premier vol en 1997. Donc que vous avez acheté après 13 années d’exploitation sur des lignes entre Prague et Budapest.
Bien que je ne peux pas être précis sur les contours réels des accords secrets qui ont été conclus pour la transaction qui a été menée et sur le montage financier de son achat, il ressort du recoupement des informations, que cet appareil a été acheté à un prix surfacturé qui ne correspondait pas du tout à son argus. Qu’est-ce que vous savez de cette transaction ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Je ne sais pas de quoi vous parlez ! »
Le Président du Tribunal :
- « Vous-ne-savez-pas de quoi je parle ou vous-ne-savez-plus de quoi je parle ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Mais pourquoi vous me posez à moi la question et pas aux responsables de la MAI de l’Epoque ? »
Le Président du Tribunal :
- « Parce que c’était vous le responsable de l’Epoque ! »
Ould Abdel Aziz :
- « Le responsable de l’Etat. Mais pas de la MAI ! »
Le Président du Tribunal :
- « Si justement. Le responsable de la MAI, dont vous avez fait à l’époque votre propre affaire. Vous l’oubliez peut-être mais les procès-verbaux de l’enquête ne l’ont pas oublié ! »
Ould Abdel Aziz :
- « Mais-ce-que-vous-dites-là est grave ! »
Le Président du Tribunal :
- « Evidemment que c’est grave. Mais pour vous ! »
Maitre Diallo : (Nom d’emprunt-Collectif de défense de l’ancien président)
- « Objection Monsieur le Président ! Vous interrogez notre client sur un sujet dont il n’a rien à avoir. Ces questions doivent être posées aux responsables de la MAI et non à notre client ! »
Le Président du Tribunal :
- « Objection rejetée.
Le Président du Tribunal :
- « Mohamed, revenons à nos moutons. Le Boeing 737 MAX 8, acheté au concessionnaire Boeing est un avion qui est facturé au catalogue du fabriquant au prix de 112,4 millions de dollars. Mais en réalité et ce n’est un secrèt pour personne, l’appareil est vendu aux compagnies au prix de 51 millions de dollars seulement soit avec une réduction de 54,3 %.
Pourtant le Boeing 737 MAX 8 que vous avez fait acquérir par la MAI a bien été acheté avec votre aval à 95,2 millions de dollars soit avec donc une différence de 44,2 millions de dollars par rapport au prix proposé par le concessionnaire lui-même.
Nous avons versé au dossier des documents de comparaisons, les factures d’achats des Boeing par la MAI. Mais là n’est pas le problème. Au cours de ce procès les responsabilités seront situées pour identifier tous ceux qui ont baigné comme intermédiaires dans ces opérations de montages financiers relatifs aux acquisitions des avions, montages qui cachaient une corruption qui a pesé lourd sur les finances de l’Etat mauritanien.
Maintenant je vous pose une autre question. Quel a été votre rôle vous, personnellement dans ces opérations de transactions pour l’acquisition des trois Boeing c’est-à-dire les deux 737-500, et le 737-700? »
Ould Abdel Aziz :
- « Vous m’apprenez là des choses que je ne connaissais pas et sur les appareils achetés et sur leurs prix d’achats. Si ce que vous dites est vrai, dans ce cas vous devez plutôt regarder à ma droite. Les personnes qui peuvent donner des réponses à votre questions se trouvent de ce côté-là.»
Le Président du Tribunal :
- « Pourquoi dois-je regarder à droite pendant que vous, qui connaissez tout du tenant et des aboutissants de ces transactions vous êtes en face de moi. Vous n’allez pas me dire quand même que la Banque Centrale de Mauritanie pouvait débloquer des montants aussi importants sans votre aval ! »
Ould Abdel Aziz :
- « Ce qui est certain et que je peux vous assurer, c’est que je n’ai jamais pris un dollar des caveaux de la Banque Centrale de Mauritanie. Je l’ai dit, je l’ai répété et je mets toujours en défi quiconque peut prouver le contraire. »
Le Président du Tribunal :
- « Mohamed. Vous pouvez même ajouter à cette phrase qui devient votre phrase fétiche, que le président actuel connait l’origine de tous vos biens. Cette chanson on la connait. Mais Mohamed ce qu’on attend de vous ce n’est pas de la chanter. Ce qu’on attend de vous, c’est de nous dire ce que vous savez et que nous savons nous aussi sur l’immense fortune que vous avez accumulée ces dix dernières années. Et c’est ce que nous cherchons à savoir en vous interrogeant. Je repose mes questions et je vous demande de vous concentrer un moment pour me donner des réponses précises.
Répondez à ma question par oui ou par non ! Est-ce que oui-ou-non vous vous êtes impliqué personnellement dans la transaction et le montage financier de l’achat du 5T-CLA ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Le 5T-CLA ? de quoi vous parlez Monsieur le Président ? Vous êtes dans le jeu des Chiffres et des Lettres ? »
Le Président du Tribunal :
- « C’est la première fois que vous m’appelez Monsieur le Président ! Est-ce que cela veut dire que vous acceptez maintenant que je suis ce que je suis ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Je n’ai jamais refusé d’admettre que vous êtes un président. Ce que j’ai refusé d’admettre et que je refuse encore d’admettre c’est ce que vous croyez. C’est-à-dire que ce tribunal est compétent pour me juger. Il n’est pas compétent pour me juger et vous le savez très bien. »
Le Président du Tribunal :
- « Nous n’allons pas revenir sur ce débat stérile. Je vous avais dit la dernière fois et je le répète, que ce tribunal est bien habileté à vous juger. Parce que d’abord vous êtes mauritanien, mais surtout parce que vous êtes en conflit avec la loi de ce pays ! »
Ould Abdel Aziz :
- « Mais j’étais président. Et l’article 93 de la Constitution est très clair dans son alinéa Premier. Je ne peux être jugé que par la Haute Cour de Justice et pour Haute Trahison. »
Le Président du Tribunal :
- « C’est exact. Mais le problème, et le vrai problème c’est que durant toute la période de l’exercice de vos fonctions, c’est-à-dire de 2009 à 2019, vous n’avez jamais et à aucun moment donné de vous le profil d’un chef d’Etat qui respecte les engagements pris pour lesquels il a été élu, et pour lesquels il a prêté solennellement serment en jurant sur le Saint Coran devant le peuple tout entier.
Plus de 3000 pages ou documents versés dans ce dossier que vous voyez sur la table vous décrivent plutôt comme un homme d’affaires qui travaillait pour son propre compte dans le bureau sacré du premier responsable de l’exécutif de ce pays. Trafic d’influence, corruption, détournement de deniers publics, transactions douteuses constituaient les lots quotidiens de vos activités personnelles qui s’exerçaient par l’intermédiaire de personnes physiques ou sociétés et entreprises anonymes. Ce que vous ne pouvez pas nier ! ».
Ould Abdel Aziz :
- « Non pas seulement je peux le nier mais je le nie. »
Le Président du Tribunal :
- « Vous ne pouvez pas le nier. Puisque vous avez été confronté à des personnes crédibles moralement qui ont déclaré en votre présence que vous les avez bien confiés des travaux à effectuer, des montants à gérer ou à garder et certaines affaires à traiter. Les enregistrements vidéo de ces séances sont versés dans le dossier. Nous pouvons les projeter pour vous si cela peut aider à vous rafraichir la mémoire. »
Ould Abdel Aziz :
- « Vous avez peut-être des enregistrements. Mais vous ne pouvez pas par ces enregistrements prouver que j’ai reconnu ce que l’une ou l’autre de ces personnes disaient. »
Le Président du Tribunal :
- « Vous ne l’avez pas reconnu, pas parce que vous ne le reconnaissez pas, mais parce que vous avez refusé de coopérer avec les enquêteurs. Donc c’est vrai vous ne l’avez pas reconnu, mais non plus vous ne l’avez pas démenti. »
Ould Abdel Aziz :
- « Je ne les ai pas démentis c’est vrai. Pas parce que je ne pouvais pas les démentir, mais parce simplement ces personnes appelées à la confrontation ne méritaient même pas que je leur adresse la parole. C’étaient tous des ingrats qui avaient retourné leurs vestes. »
Le Président du Tribunal :
- « Puisque vous avez parlé de retourner les vestes. Est-ce que je dois vous rappeler que vous aussi, vous n’aviez jamais cessé de retourner votre veste. La preuve : vous avez trahi Maaouiya. Vous avez trahi Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Vous avez trahi Ely Ould Mohamed Vall Donc…»
(Il est interrompu par Maitre Sandrela)
Maitre Sandrela.
- « Objection Monsieur le Président ! Par ces propos que vous venez de tenir, vous donnez bien la preuve que ce procès est bien un procès politique. Ce que nous avons toujours dit et toujours dénoncé. Maintenant tout est clair. Notre client n’est évidemment pas jugé pour des crimes ou délits économiques et financiers, comme le prétend l’accusation de l’instruction, mais plutôt pour des faits qui relèvent de ses relations publiques avec des chefs de l’Etat et, donc certainement par extrapolation, pour ses relations personnelles avec l’actuel chef de l’Etat. Devant cette preuve irréfutable qui démontre que ce procès n’est pas un procès à caractère judiciaire mais bien à caractère politique, le collectif de défense de l’ancien chef de l’Etat que nous représentons proteste vivement et demande purement et simplement l’annulation du procès. »
Le Président du Tribunal :
- « Objection rejetée. Maitre Sandrela je crois que je vous avais déjà donné un avertissement de ne plus m’interrompre pour quelle raison que ce soit. C’est le dernier avertissement que je vous donne. La prochaine fois que vous m’interrompez, vous ne manquerez pas le premier vol qui quitte ce pays,
Laissez-moi donc terminer ce que j’étais en train de dire. Mais avant je voudrais que ce soit très clair dans votre esprit.
Contrairement à ce que vous croyez, ce procès n’a rien de politique. Votre client a parlé de retournement de vestes. Il est très mal placé pour accuser d’honnêtes gens de ce que lui-même fait. Et j’ai cité des exemples. Votre client a bien suivi une logique pour le mener au pouvoir afin d’agir comme il l’a fait pour s’enrichir illicitement.
Il n’a donc pas seulement retourné ses vestes contre les anciens chefs d’Etat et même contre celui-là actuellement au pouvoir, mais, -et c’est plus grave encore-, il avait retourné sa veste contre les citoyens de ce pays qui l’ont élu et qui attendaient tout de lui. En dix ans, votre client s’est complètement métamorphosé et il est devenu l’Ennemi Public Numéro Un de l’économie et des finances de son pays. Les preuves qui l’accusent sont là. »
Maitre Ould Ichidou :
- « Objection Monsieur le Président. Ce que ma consœur Sandrela a dit est bien vrai. Vous et votre tribunal aussi dérivez, en direction d’un procès politique. Le collectif de défense de l’ancien président se retire pour protester contre le changement radical dans votre comportement en tant que président d’un tribunal chargé de juger notre client sur des faits qui lui sont reprochés mais pas sur son passif politique. Nous nous retirons de cette audience en exigeant qu’un vrai procès soit organisé par un tribunal dont le président n’est pas à la solde du pouvoir. »
(Le Collectif de défense fr l’ancien président se retire de la Salle et s’en suit un nouveau brouhaha)
Le Président du Tribunal : (qui tape sur la table)
- « Silence dans la salle ou je fais évacuer tout le Monde »
Un supporter de l’ancien président : (du fond de la Salle)
- « Vous n’aurez pas besoin de prendre une telle décision. Votre Salle, on vous la libère. Ce procès est une véritable mascarade ! »
(Après le retour au calme d’une salle d’audience presque vide)
Le Président du Tribunal :
- « Mohamed vous n’avez pas encore répondu à ma question : Répondez par oui ou par non. Est-ce que oui-ou-non vous vous êtes impliqué personnellement dans la transaction et le montage financier de l’achat du 5T-CLA ? »
Ould Abdel Aziz :
- « Quel 5T CLA. Je ne sais pas de quoi vous parlez ! »
Le Président du Tribunal :
- « Le 5T CLA. C’est le Boeing 737-500 ! »
Ould Abdel Aziz :
- « A ma connaissance nous n’avons jamais acheté un Avion 5T CLA. »
Le Président du Tribunal :
- « 5T CLA n’est pas un type d’avion. C’est l’immatriculation d’un des Boeing 737-500 que vous avez achetés. »
Ould Abdel Aziz :
- « Vous savez des choses que je ne sais pas ! »
Le Président du Tribunal :
- « Vous ne le savez pas parce que simplement ce n’était pas les avions, leurs caractéristiques et leurs performances qui vous intéressaient mais plutôt ce que leurs achats pouvaient vous rapporter. Maintenant répondez à ma question. Est-ce que oui-ou-non, vous vous êtes impliqué personnellement dans la transaction et le montage financier de l’achat du 5T-CLA ?
Ould Abdel Aziz :
- « Je ne réponds plus à vos questions sans la présence de mes avocats ! »
Le Ministère Public :
- « Monsieur le président. L’accusé a quelque part raison. Il ne peut pas faire face à son procès sans la présence de ses avocats. Ce n’est même pas de l’intérêt de ce tribunal de le juger sans défense et à huis clos. C’est pourquoi, encore une fois, je réitère ma demande. Je suggère au tribunal de suspendre l’audience en attendant de remettre en place les pôles de défenses de l’accusé et de la partie civile. »
Le Président du Tribunal :
- « Suggestion acceptée. L’audience est suspendue. Elle reprendra demain. La séance est levée ! »
( A suivre)
Mohamed Chighali
Journaliste indépendant