Depuis plusieurs jours, nous constatons une recrudescence des rafles d’étrangers à Nouakchott visant particulièrement les ressortissants d’Afrique subsaharienne. Cette information relayée par plusieurs plateformes médiatiques de la sous-région est aussi reprise en boucle dans les réseaux sociaux par plusieurs témoins sur place. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est le caractère sélectif de ces opérations, qui ciblent exclusivement des Africains subsahariens, ainsi que les conditions inhumaines dans lesquelles elles sont menées. Les personnes concernées dénoncent la brutalité avec laquelle ces contrôles et arrestations sont effectués, ainsi que la précarité de leurs conditions de détention.
Ces pratiques rappellent tristement les événements d’avril 1989 qui au début concernait les citoyens Sénégalais, mais qui s’est par la suite s’est poursuivie à travers une répression aveugle contre des citoyens Mauritaniens, dont des milliers vivent encore aujourd’hui dans des conditions précaires au Sénégal et au Mali, dépossédés de leurs terres et de leurs biens. Ce lourd passif au compte de l’état mauritanien n’est toujours pas soldé et continue de saper la cohésion sociale et le vivre-ensemble.
Mauritanian Network for Human Rights in the U.S. (MNHRUS) condamne fermement ces violations des droits des étrangers en Mauritanie. Ce pays, historiquement terre d’accueil, abrite des ressortissants du monde entier. Or, procéder à des contrôles au faciès ciblant exclusivement certaines nationalités est une pratique discriminatoire et injuste. Si les étrangers présents sur le territoire national doivent se conformer aux lois en vigueur, ils ont également des droits fondamentaux que les autorités sont tenues de respecter, sous peine de voir s’appliquer le principe de réciprocité à l’égard des Mauritaniens vivant à l’étranger.
MNHRUS appelle les autorités mauritaniennes à la prudence sur ces contrôles abusifs et à revoir les procédures en matière de migration afin de les aligner sur les réglementations en vigueur. Toute gestion des questions migratoires doit se faire dans le respect des accords conclus avec lesautorités des pays d’origine des migrants, en privilégiant les principes d’hospitalité et de bon voisinage.
MNHRUS attire également l’attention des autorités sur un problème fondamental qui aggrave cette situation : des milliers de Mauritaniens ne sont toujours pas enrôlés dans les registres d’état civil et se trouvent de ce fait dans l’impossibilité de présenter des documents d’identité aux forces de l’ordre. Cette situation les expose à un risque grave d’arrestation arbitraire, voire d’expulsion vers des pays dont ils ne sont pas ressortissants. Il est impératif que les autorités prennent en compte ces cas sensibles et mettent un terme aux dérives qui pourraient conduire, comme par le passé, à la déportation illégale de citoyens mauritaniens vers d’autres pays.
Enfin, MNHRUS exhorte les autorités à alléger les conditions d’obtention de titre de séjour mais aussi et surtout à auditer dans les plus brefs délais les officines en charge de produire ce document pour s’assurer de son bon fonctionnement. Nous restons mobilisés et vigilants face à ces atteintes aux droits humains.
The Mauritanian Network for Human Rights in US
la communication
le 07/03/2025