Depuis deux mois, les populations de la localité de Ngawlé (Moughataa de Lexeiba II, Wilaya de Trarza), s’opposent à une tentative d’expropriation de terres cultivables appartenant à la communauté locale.
Ces terres ancestrales sur lesquelles les populations détiennent des titres de propriété datant des premières années d’indépendance nationales ont été cédées à l’homme d’affaires Wedi’aOuldWedi’a qui à son tour les aurait cédées à des investisseurs étrangers.
Les populations locales qui contestent la procédure organisent régulièrement des sit in pacifiques sur le terrain où depuis quelques semaines des engins s’activent dans des travaux d’aménagement au profit du bénéficiaire de l’opération injuste d’expropriation.
Soutenus par des militants des droits humains appartenant aux différentes organisations du Mouvement du 04 août, les manifestants pacifiques du village ont étéviolemment réprimés,le samedi 04 décembre 2021, par la policequi procédaà plusieurs arrestations. Les personnes arrêtées et détenues dans la prison de Rosso sont :
1. Ousmane Lo (SPD)
2. DembaSall (Mouvement Min Jabaani)
3. AbdallahOuldHemdy (Al Ahraar/SPD)
4. MoussaOuld Messaoud (SPD)
5. El BechirOuld Mahmoud (SPD)
6. AbassOuld Ely (SPD)
7. Alassane Sall (Mouvement Gollal)
8. Youssouf Fall (habitant du village de Ngawlé)
9. Kalidou Mamadou Seck(habitant du village de Ngawlé)
10. Mahmoudou Boubou Seck(habitant du village de Ngawlé)
11. Cheikh Amadou Wade (habitant du village de Ngawlé)
12. Mama DjiabelDiop(habitant du village de Ngawlé)
13. Mamadou Abou Seck(habitant du village de Ngawlé)
Abou Thiecoro Wade (Habitant de N’Gawlé), gravement blessé suite aux tortures,est sous contrôle judiciaire et actuellement soigné à Rosso, avec interdiction de quitter la ville pour des soins plus appropriés. Sont également sous contrôle judiciaire et assignés à Rosso Amadou Mall, Thierno Moussa Seck, YeroSambeSarr, Ibrahim Wade, AlsaneSeck, Abdoulaye Seck, Youssouf Seck etAliouBocarSeck.
La banalisation de la torture en Mauritanie
Au moment de leur arrestation, les militants ont subi de la torture d’une rare violence orchestrée par des policiers dépêchés de la ville de Chami (200 Km au Nord de Nouakchott). Déposés au commissariat de police de Lexeiba 2, ils sont de nouveau torturés et trois parmi eux, y sont gravement blessés et gardés sans soins pendant 48 heures.
On remarquera une parfaite similitude avec les évènements qui se sont déroulés le 28 novembre passé à Bababé (Wilaya du Brakna) où des manifestants pacifiques ont été sauvagement torturés en public par des policiers puis dans le commissariat de police de la ville d’où, devant le constat de la grosseur de la bavure, ils seront libérés et durent être exfiltrés clandestinement vers le Sénégal pour des soins appropriés.
Notre position
Dans le contexte de banalisation de la torture et des détentions arbitraires, nous organisations et regroupements d’organisations signataires soucieux du respect des droits et de la paix civile dans notre pays :
– Exhortons les autorités nationales à intervenir sans tarder pour mettre fin aux agissements irresponsables des autorités locales (administratives et policières) et prendre des mesures claires rendant les terres objet du contentieux à la propriété légale des populations de Ngawlé.
– Exigeons des autorités de mettre fin sans conditions à la détention des personnes arrêtées mais aussi à faire cesser sans délai les procédures visant toutes les personnes sous contrôle judiciaire dans cette affaire.
– Exigeons des autorités l’ouverture d’enquêtes pour identifier et traduire devant les juridictions compétentes les éléments de la police impliqués dans les cas de tortures avérés ainsi que leurs donneurs d’ordres.
– Enfin, appelons la société civile, mais aussi tous les patriotes épris de paix, de justice de joindre leur voix à la nôtre dénoncer l’injustice dont les populations de Ngawlé sont victimes mais également la persistance de la pratique de la torture en public et dans les lieux de détensions, commissariats de police.
Fait à Nouakchott, le 06 janvier 2022
Les organisations et regroupements d’organisations signataires :
– Les organisations membres du Forum des Organisations Nationales des Droits Humains en Mauritanie (FONADH)
– Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH),
– Collectif des Anciens Fonctionnaires de la Police Victimes des Evénements de 1989
– Collectif des Rescapés, Amnistiés, Détenus Politiques Civils Torturés(CRADPOCIT)
– Collectif des Veuves,
– Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie(CSVVDHM),
– Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES),
– Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie),
– Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE),
– SOS – Esclaves,
– Association des Femmes Chefs de familles (AFCF),
– Association de la Femme Citoyenne Engagée (AFCE)
– Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE (AMPLCS),
– Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM),
– Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC),
– Association pour le Développement Intègre de L’Enfant (APDE),
– Association pour la Promotion de la Langue Wolof en RIM (APROLAWORIM),
– Association d’Appui au Développement à la Base (SALNDOU),
– Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH),
– Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal (UNRMS),
– Association Mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant,
– Association pour l’assistance des femmes et des enfants en difficultés,
– Association pour la promotion de la femme et de l’enfant,
– Association pour l’amélioration des conditions de vie des prisonniers en Mauritanie,
– Association Mauritaniennes pour la lutte contre la pauvreté,
– Association de la femme citoyenne engagée et pour la protection de l’enfance,
– Association pour les droits de la femme Mauritanienne,
– Pour une Mauritanie Verte et Démocratique (For MVD),
– Association Mauritanienne pour la Promotion de l’Education des Filles (AMPEF),
– L’Association des Femmes Educatrices pour la Promotion des Droits Humains,
– Le Mouvement du 4 août,
– Association Mauritanienne pour la protection de l’environnement et de l’action sociale,