« Nous ne nous sommes pas trompés d’objectifs mais les moyens et les méthodes que nous avons utilisées jusqu’ici ne sont pas efficaces ».
Ces déclarations sont celles du rescapé des années de braises et président de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation (AJD/MR), un parti d’opposition.
Elles ont été tenues hier jeudi 19 janvier courant, à l’occasion de l’organisation du parti de son congrès ordinaire.
« J’invite alors la jeunesse qui doit prendre la relève à être plus imaginative et plus audacieuse car entre exister et ne pas exister : THAT IS THE QUESTION », a martelé Ibrahima Moctar Sarr, dans ce qui s’apparente à une pré-retraite politique après une lutte de longue haleine et difficile de plus de trois décennies.
Sarr s’est défendu dignement dans son combat pour inscrire sa lutte, perçue par certains chauvinistes d’un prisme racial, dans l’accès des négromauritaniens, en premier au statut de citoyen à part entière, avant d’engager l’activisme dans les autres revendications liées à l’égalité, dans les droits et les obligations, entre tous les citoyens mauritaniens
« On reproche à l’AJD/MR de ne s’intéresser qu’à des questions relatives à la situation des négroafricains à savoir la question de l’exclusion, les problèmes de l’état-civile, le passif humanitaire et ses corolaires, le problème des terres de la Vallée, etc. En vérité, nous estimons que les négro-africains veulent avant tout être considérés comme des citoyens à part entière », a-t-il affirmé.
Ibrahima Moctar Sarr est convaincu qu’au rythme où les choses vont actuellement dans le pays, les négromauritaniens sont condamnés à créer leurs conditions d’existence dans la dignité et la fierté ou continuer à vivre dans le cercle vicieux de l’exclusion et de l’oppression.
« Si l’économie du pays est florissante, ils n’en bénéficient pas, l’école est le lieu où leur exclusion a été programmée, pour preuve, la dernière loi sur l’éducation nationale ou on veut utiliser les langues nationales dans le système sans les officialiser c’est un leurre. Les négro-africains ne gèrent même plus les deniers publiques pour pouvoir les détourner. Ils sont dans la situation d’un malade mourant qui n’a plus faim, ni soif, ils ne pensent pas aux plaisirs de la vie, ils veulent simplement ne pas mourir bêtement en tant qu’individu, en tant que communauté, en tant que peuple qui a eu une histoire multiséculaire et qui veut sauvegarder son droit à la différence », a ajouté Ibrahima Moctar Sarr.
« S’ils partagent avec la grande masse des autres mauritaniens, le lot des déshérités du système, ils sont les seuls à vivre l’exclusion au plan culturel voire médiatique, la déportation et le bannissement dans leur propre pays », a ajouté le président de l’AJD/MR.
M. Sarr a enfin invité « les justes des autres communautés [à se mettre] en première ligne avec nous comme l’avaient fait les blancs sud-africains contre l’Apartheid, les blancs américains contre la ségrégation raciale et certain blancs européen contre la colonisation », avant de rappeler que « l’AJD/MR avec la désillusion léguée par le régime sortant n’a jamais versé dans la surenchère ou dans l’extrémisme suicidaire ».
Lors de son discours, le président de l’AJD/MR a dit regretter n’avoir pas pu atteindre « les objectifs que nous nous étions fixés pour la déconstruction du système en place et le règlement définitif de la question de cohabitation avec l’apurement du passif humanitaire pour créer les conditions de l’avènement d’un régime démocratique et égalitaire ou tous les fils de ce pays auront les mêmes chances de s’épanouir ».
« Nous ne nous sommes pas trompés d’objectifs mais les moyens et les méthodes que nous avons utilisées jusqu’ici ne sont pas efficaces. J’invite alors la jeunesse qui doit prendre la relève à être plus imaginative et plus audacieuse car entre exister et ne pas exister : THAT IS THE QUESTION », a conclu Ibrahima Moctar Sarr.
Cridem avec autorisation