La gendarmerie sénégalaise a annoncé, mercredi, avoir arrêté 143 migrants qui s’apprêtaient à prendre la mer pour rejoindre l’archipel espagnol des Canaries. Près de la moitié de ces personnes, interpellées dans deux zones de pêche au sud de Dakar, n’étaient pas sénégalaises.
Ils avaient payé chacun 300 000 Francs CFA (457 euros). Dans la nuit du 6 au 7 août, 143 migrants ont été interpellés par la gendarmerie sénégalaise à Fimela et Nianing, deux zones de pêche, au sud de Dakar, ont annoncé les autorités sénégalaises, mercredi 10 août.
Les deux groupes étaient respectivement composés de 68 et 75 personnes, a indiqué la gendarmerie dans un communiqué. Parmi ces deux groupes, on dénombre 57 exilés dont la nationalité n’a pas été précisée. Tous les autres sont des Sénégalais.
« Un des convoyeurs a été interpellé lors des opérations. [Il] était chargé de la coordination et de l’embarquement des migrants sur la côte à destination de l’Europe contre 300 000 Fcfa (457 euros) pour chaque personne », a précisé la gendarmerie.
Quatre véhicules de transport ayant acheminé les candidats à l’émigration à Nianing et Fimela ont été « immobilisés » par des gendarmes dans ces deux localités, après avoir pris le départ à Diamniadio, une ville nouvelle près de Dakar, a dit la même source.
Des départs d’embarcations remplies de migrants sont souvent observés sur les côtes du Sénégal. De nombreux candidats à l’exil tentent de gagner l’archipel espagnol des Canaries, une porte d’entrée dans l’Europe, situé à quelque 1 500 km au nord du pays.
Accidents fréquents
Mais la traversée est très dangereuse et les accidents fréquents. Le 27 juin, 14 migrants sont morts dans l’incendie d’une pirogue alors qu’ils projetaient d’aller en Europe. Selon les rescapés, l’incendie aurait été provoqué par une personne qui fumait à proximité du carburant.
En novembre 2021, 82 personnes, avaient, elles, été secourues de justesse alors que leur embarcation prenait l’eau au large du Sénégal. Le bateau était parti de Gambie quelques jours plus tôt et avait été repéré par un avion de patrouille espagnol, basé temporairement à Dakar dans le cadre de la coopération entre l’Espagne et le Sénégal contre l’immigration clandestine.
Face à la hausse des départs depuis le Sénégal, la commissaire européenne Ylva Johansson a proposé en février dernier de déployer l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, dans ce pays d’Afrique de l’ouest pour aider à lutter contre le trafic de migrants. Les autorités sénégalaises n’ont pas encore donné leur accord au déploiement des membres de l’agence européenne. Mais si la proposition de la commissaire était acceptée, ce serait la première fois que Frontex est déployé hors d’Europe.
« Ni les plus pauvres, ni les plus riches »
Parmi les personnes qui prennent place à bord de ces embarcations de fortune, nombreux sont les Sénégalais. Bien qu’aucune statistique ne précise exactement le nombre de candidats au départ, des données publiées par l’Union Européenne affirment que le Sénégal occupait, en 2018, le 10e rang des pays d’origine représentés lors des traversées maritimes vers l’Europe.
D’après le programme de recherche « Migrations entre l’Afrique et l’Europe » qui a interrogé près de 2 000 migrants sénégalais, ces derniers prennent la mer attirés par « la demande de main-d’œuvre en Europe ». L’insécurité économique et les faibles revenus au Sénégal sont les deux autres facteurs majeurs cités par le panel et publiés sur le site The Conversation.
D’après l’étude, « les personnes les plus susceptibles de migrer ne sont ni les plus pauvres ni les plus riches. La plupart des migrants disposent de ressources économiques qui leur permettent d’assumer les coûts de la migration ; ils ont fait des études de niveau moyen ou supérieur. Cette caractéristique augmente leurs chances de trouver un emploi en Europe et renforce leur motivation dans ce sens »
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