Tout peuple et toute composante de ce même peuple, au sein d’une Nation, d’une région ou d’un continent est fière de sa culturelle maternelle, de cette identité dans laquelle elle se retrouve sans errement, tout en vouant estime et considération à la langue et l’identité de l’autre, à condition que cette estime soit aussi réciproque et proportionnelle.
La Mauritanie est fière de son arabité, mais également de son africanité. Deux identités condamnées à coexister, sans qu’aucune puisse s’imposer à l’autre comme dominatrice, même si des chauvinistes de tout bord s’investissent corps et âme pour faire l’apologie abusive de l’arabe au point de renier l’africanité des mauritaniens.
L’arabe est sacré, car c’est la langue du Saint Coran et du dernier des Prophètes. Toutefois, il y a lieu de dissocier entre l’arabe en sa qualité de langue sainte et pure, à l’arabe de nos jours, où cette langue est déconnectée de son sens élevé, pour signifier, la digression, l’arriération, le superflu, le quantitatif au détriment du qualitatif, l’illusion…
« La production scientifique, littéraire et culturelle en langue arabe est toujours en deçà des espérances d’où notre devoir, en tant qu’arabes, d’être conscients de cette question et de déployer plus d’efforts dans ce sens ».
Ces propos sont malheureusement est à la surprise généralisée de l’élite mauritanienne ceux du Ministre de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et des Relations avec le Parlement, Mokhtar Ould Dahi.
Pire, il les a tenus le jeudi 23 décembre courant, sous la coupole de l’Assemblée nationale, à l’occasion des travaux du Forum parlementaire de soutien et d’autonomisation de la langue arabe.
Le Département de la culture aurait même, selon le ministre doublé le budget alloué à l’écriture et à l’impression de livres afin d’inciter les auteurs à écrire en arabe, prenant en charge l’impression de leurs livres et manifestant l’intention de les récompenser pour leurs productions.
Une entreprise qui ne fera que creuser le fossé entre arabisants et non arabisants et dont aggraver la fracture linguistique déjà existante, alors que c’est plutôt dans les langues nationales, l’arabe étant arrivé à son paroxysme d’excellence au point de déborder du vase, qu’il faut injecter des fonds, dans l’espoir d’arriver à un équilibre entre toutes les langues, imposant alors à la quête d’une langue d’unité.
Ceci dit, il ne serait pas erroné d’endosser ce déni de l’africanité mauritanienne, à la lumière de ces propos officiels sectaires, au Gouvernement, au Président Ould Ghazouani et à son Premier ministre Ould Bilal, dés lors où le ministre, qui trouve souvent dans ses sorties médiatiques, de la passion pour étaler excessivement son bagage arabe, est le Porte-parole du Gouvernement.
De qui parle le ministre en disant « en tant qu’arabes » ? Des arabes mauritaniens au sens de maures blancs et noirs ? De ces premiers et des négro-mauritaniens ? Des négromauritaniens ?
Un grand pans de la Mauritanie authentique ne se retrouve pas dans de telles incendiaires peu avenantes pour trois grandes composantes de la Nation.
Le ministre n’est-il pas allé trop vite en besogne, en reniant l’africanité et la négritude des mauritaniens ?
Ne pouvait-il pas s’exercer à une meilleure diplomatie langagière en servant son objectif d’apologie de l’arabe sans attenter au Pular, au Soninké et au Wolof, langues de ces communautés qui maitrisent l’arabe mieux que les arabisants, car se contentant d’en apprendre l’essentiel, le Saint Coran, les Hadiths et la Sunna.
Autrement dit, pas l’autre arabe qui ne sied qu’aux peuples développés, inondés par les richesses et pouvant rêver, philosopher, rivaliser dans la poésie et autres ramifications sinueuses de l’arabe qui mènent parfois à l’objectif contraire.
Un monde duquel nous sommes séparés encore et que cette arabité zélée ne pourra nous aider à rattraper.
Il est temps pour les officiels mauritaniens d’accorder les égards qu’il faut à l’africanité de la Mauritanie, tout en défendant sans abus, ni déni l’arabe.
C’est seulement à ce prix que l’arabe pourrait, une fois la dignité retrouvée de l’autre, chercher, pas les moyens de sagesse, de conviction, de concertation à se faire accepter comme langue unificatrice sans être exclusive.