Le volant symbolise le Sénégal. Si la majorité présidentielle obtient la majorité à l’Assemblée nationale, il y aura un seul conducteur à l’aise pour tenir le volant appelé Sénégal. Autrement, l’exécutif risque d’être bloqué dans son élan par un pouvoir législatif (Assemblée) qui lui est opposé.
Nous allons vers des élections législatives capitales pour notre pays le Sénégal. Le sénégalais est-il cohérent, logique dans sa démarche ? C’est ce que nous allons vérifier le 17 novembre 2024. C’est à confirmer ou infirmer par ce vote après la présidentielle d’il y a près de neuf (09) mois. Confirmer le vote en donnant la majorité au camp du Président en place, c’est lui donner les moyens de gouverner, de mettre en œuvre la politique pour laquelle son chef est élu.
En le faisant, le peuple aura assumé entièrement sa part de responsabilité et pourra ultérieurement être exigeant avec le nouveau pouvoir et lui demander des comptes sur sa gestion du pays. S’il ne le fait pas, il sera responsable d’un éventuel retard ou échec dans la marche du pays en élisant une opposition qui cherchera à ramer à contre-courant, en y trouvant parfois un malin plaisir.
C’est malheureusement cela la pratique de la politique au Sénégal. Fort de ce constat, il est important de garder à l’esprit qu’un véhicule automobile avec deux conducteurs, l’un préférant virer à droite et l’autre ayant un penchant pour la gauche, présente un risque certain pour les passagers et pour tous les autres. C’est cela le danger.
Ce véhicule ne pourra pas arriver à bon port sans les conditions idéales de conduite. Imaginez le résultat si les deux (02) conducteurs sont des adversaires, farouchement opposés. Quel drame en perspective ! Est-ce que le passager (l’électeur, le peuple) qui a laissé faire en favorisant la pagaille serait sans reproche et sans remords ? Laissons chacun(e) apprécier les futures conséquences de son choix.
A titre d’exemple, l’Italie a connu pendant longtemps une période d’instabilité politique avec un manque de majorité libre de gouverner avec sérénité. Au Sénégal, nous avons déjà eu un avant-goût, un aperçu de ce qui risque de se passer et qui fait peur. C’était entre la période de l’élection suivie de l’installation du nouveau Président de la République et la dissolution de l’Assemblée nationale.
Les députés issus de la dernière législature ont reçu des instructions de l’ancien exécutif et cela a abouti à des blocages : une parcelle de pouvoir contre une autre.
Ce n’est ni de la logique ni de la cohérence de donner d’une main et de reprendre aussitôt de l’autre, surtout en début de mandat d’un nouvel exécutif (sept mois seulement après l’investiture du Président). On pourrait comprendre un vote sanction qui servirait de contre-pouvoir en cours ou en fin de mandat d’une autorité décriée et rejetée par le peuple.
Tel n’est pas encore le cas au Sénégal et il est permis de penser que la tradition sera respectée : donner la majorité au gouvernement pour qu’il ait les coudées franches afin de mener son programme et ses projets sans excuses possibles et justifiées par une attitude incompréhensible des électeurs. L’électeur sénégalais est réputé mûr, réfléchi, conséquent avec lui-même et assez responsable pour accomplir convenablement sa part de mission dans le développement de son pays. La stabilité du Sénégal tant vantée est aussi à ce prix.
Dr Biram Ndeck NDIAYE,
Juriste et auteur