Les autorités ont lancé début juillet courant, une campagne sans précédent, visant à interdire la circulation des Tuk-tuk dans le centre-ville, en provenance de plusieurs moughataas notamment Tevragh-Zeina.
Une mesure qui intervient après une autre décision liée à ces triporteurs à savoir l’interdiction faite aux étrangers à travers un document émis par le ministère de l’Equipement et des Transports, de conduire ces tricycles.
Le document en question évoque ce qu’on pourrait qualifier de feuille de route fixant les conditions requises se rapportant à la détention des pièces d’identité et professionnelles spécifiques à ces véhicules.
Ce qui a été perçu comme étant un fait tout à fait normal et important, voire une revendication de tous les Mauritaniens qui aspirent à l’organisation et à la régulation du secteur des transports et au moindre des cas, la possession du conducteur, voire même de tous les conducteurs d’un permis de conduire ainsi que de ne pas être concurrencé par les étrangers dans la source de son gagne-pain et de celui de sa famille.
Mais contre toute attente, les autorités ont lancé début juillet, une campagne d’immobilisation des Tuk Tuk, sans révéler le véritable objectif de celle-ci.
Le porte-parole du gouvernement est sorti par la suite, pour tenter de justifier ces mesures , qualifiées par certains d’injustes et non prioritaires, surtout au regard du chaos étendu et quasiment institutionnalisé qui jette tout son dévolu sur le secteur des transports urbains à Nouakchott, d’une part et le besoin des citoyens d’avoir un moyen de transport bon marché et rapide compte tenu du coût élevé des transports privés, de l’irrégularité des bus de transport en commun et leur capacité limitée dans une ville tentaculaire comme Nouakchott, d’autre part.
Il faut citer aussi dans ce cadre, la tolérance observée par les autorités quant à la limite d’âge des voitures importées et l’assouplissement des conditions qui leur étaient imposées à l’époque de l’ancien président.
Nouakchott semble antique – bien que son âge ne dépasse pas 60 ans – avec des services publics cruellement limités, l’absence de signes d’urbanisation et de beauté que la capitale doit refléter. Le rythme rapide d’urbanisation n’a pas fait l’objet d’une organisation traduisant une identité ou un modèle citadin précis qui devrait prévaloir.
Les services sont restés de manière générale et en dépit des moyens disponibles en deçà des attentes.
On cite parmi les problèmes les plus prioritaires de la capitale requérant une intervention gouvernementale :
– La plupart des rues sont sablonneuses et les marchés sont surpeuplés et utilisés d’une manière contraire aux exigences et les normes de sécurité les plus élémentaires, avec la propagation de la pratique de certains métiers d’une manière qui nuit à l’environnement et à l’être humain. La viande, le lait et le fromage sont exposés à côté des pesticides.
– Le cruel manque de places publiques, de lieux de loisirs et de divertissement, la détérioration des services de santé et l’absence de réseaux d’égouts sont en outre des facteurs conjugués qui favorisent la formation de marées et de marécages nuisibles dès les premières pluies ainsi que des ordures et des moustiques tout au long de l’année
– Une pénurie du nombre d’écoles et le manque d’entretien et de développement pour les établissements scolaires existants
– La propagation des ordures dans les marchés et à proximité des consommables des denrées alimentaires, la divagation des animaux et la multitude de chats et de chiens errants.
– Des centaines de voitures vétustes pratiquent le transport urbain sans surveillance ni responsabilité, alors que les Tuk-tuk semblent plus modernes et plus beaux que ces carcasses roulantes.
Par quelle logique alors interdire aux Tuk-tuk l’accès à certains moughataas et laisser les voitures vétustes rôder dans les maisons ?
Et par quelle logique les rues sont-elles remplies matin et soir de charrettes et de camions affaissés chargés de marchandises et pourquoi l’interdiction n’est pas élargie à ceux-ci?
Et pourquoi des voitures transportant des bouteilles de gaz sont-elles laissées sur les routes, traversant des endroits risqués, à proximité de stations-service, sans que personne ne les immobilise. Ces véhicules ne méritent-ils pas d’être parqués ?
Cependant, les marchandises occupent sous leurs diverses formes le domaine public.
Pourquoi laisser les ânes domestiques et les troupeaux de chèvres et de vaches errer dans la ville..
Pourquoi une campagne n’est pas organisée contre les chiens agaçants à Tevragh Zeina ?
Alors pourquoi avez-vous abandonné tous ces problèmes et vous êtes tournés vers les Tuk-tuk ?
Certes, celui qui a persuadé le pouvoir de suivre la voie de l’interdiction des tricycles peut ne pas vouloir son propre intérêt, comme il peut ne pas vouloir l’intérêt de la Mauritanie.
Elfikr