Il a fallu une vive dénonciation de l’augmentation inquiétante des foyers de soif à travers le pays, pour que le gouvernement prenne conscience de la lourdeur de ses responsabilités et dépêche dare-dare, le ministre de tutelle sur le terrain afin de calmer, du moins sur le plan médiatique, très engagé dans la diffusion des contreperformances officielles, l’élan de mécontentement qui se propage comme une trainée de poudre à travers tout le pays.
La crise de l’eau potable n’est pas récente. Récurrente, elle ne bénéficie guère d’interaction sérieuse de la part des autorités compétentes, lesquelles se contentent le plus souvent d’apporter des démentis catégoriques ou de minimiser la gravité des pénuries d’eau qui suscitent partout des manifestations populaires répétées.
Ceci sans compter l’intérieur du pays où s’approvisionner en eau est un véritable défi, en raison de l’absence de forages et d’adduction de distribution d’eau modernes, en dépit des milliards investis au cours de ces dernières décennies pour assurer l’accès des citoyens à cette denrée vitale.
Le dernier cri dernier relatif à cette situation déplorable qui perdure depuis des années, a été celui du député et président du parti Sawab d’opposition Abdelsalem Ould Horma, selon lequel, la soif est désormais ressentie dans chaque coin et recoin du pays, exposant le pays à une crise structurelle mortelle.
C’est ce qu’indique une lettre adressée par le parlementaire au Premier ministre Mohamed Bilal Messaoud et publiée sur sa page Facebook.
Cette crise s’ajoute aux précédentes qui sont destructrices pour le développement et anéantissent les moyens de subsistance restants à une époque où l’approvisionnement en eau potable, sa sécurisation et la fourniture d’une source durable est une condition sine qua none pour assurer la vie dans ses limites minimales, a écrit Ould Horma, disant que la Mauritanie regorge de réserves hydrauliques.
Le territoire national, possède, selon les rapports internationaux et les déclarations faites par les officiels mauritaniens, suffisamment d’eau pour tout le monde, souligne le député, qui motive la pénurie aiguë, voire son épuisement, par la mauvaise gestion, la corruption, l’incompétence des institutions, le clientélisme et la stagnation bureaucratique pratiquée sur un peuple coincé depuis plus d’un demi-siècle dans une situation difficile interminable.
Les manifestations contre la soif ont été constatées dans tout le pays depuis Hodh Charghi à l’extrême Est jusqu’aux villages d’Aftout Essahli en passant par le Tagant et Nouadhibou, a déploré Ould Horma, disant qu’elle est apparue au cœur de la capitale Nouakchott et des quartiers où des cris se sont élevés au cours des derniers mois d’un mandat présidentiel qui laisse sceptique plus d’un citoyen, se fondant sur les anciennes canalisations d’eau source de souffrance et de tournure en rond dans des cercles vicieux.
Des questions sans réponse au Premier ministre
Pensez-vous que votre engagement verbal est suffisant pour désaltérer ces localités assoiffées à l’heure de la canicule avec des températures, qui ont atteint 48 degrés dans certains de nos villes intérieures ? s’est exclamé le député dans sa lettre.
Quelle solution concrète êtes-vous en mesure d’apporter aux quartiers périphériques à Toujounine, Dar Naim et Teyarett, traduisant une réponse urgente à leurs besoins quotidiens ?
Et comment faites-vous face aux demandes du reste des quartiers de la capitale et des villes de l’intérieur pour obtenir de l’eau, même d’une manière qui humilie la dignité humaine ?
Avez-vous des plans pour faire face aux flammes brûlantes de l’été permettant d’atteindre le juste équilibre entre l’eau disponible dans la capitale et sa distribution équitable entre les habitants de notre capitale politique de notre pays ?
Ou bien persistez-vous à ignorer et à ne pas écouter, poursuivant en matière de votre richesse en eau, vos politiques avec le reste des capacités accumulées entre les mains de quelques pilleurs, laissant la grande majorité sous l’emprise de la pauvreté, de la faim, de la maladie, de l’analphabétisme et de l’ignorance ?
Réaction timide et improvisée du gouvernement
La lettre du député d’opposition et président du parti Sawab adressée au Premier ministre n’aurait pas restée vaine.
En effet, c’est seulement quelques heures après sa publication sur des médias, que le tout nouveau ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement Ismael Ould Abdel Vettah, a quitté son bureau climatisé pour se rendre aux installations d’Aftout Sahli dans la moughataa de Keur Macène, qui approvisionnent la capitale, Nouakchott, en eau potable à partir du fleuve.
Outre les formalités usuelles en termes de Salamalecks, de petit déjeuner et de déjeuner surfacturés, et des contacts entre hauts responsables et les services relevant de leurs compétences, le ministre s’est contenté de donner des instructions qui resteront sans lendemain, étant donné que ce sont les mêmes qui avaient été signifiées par ses prédécesseurs sans jamais avoir de suites sur le terrain de la réalité.
Ce qui revient à dire, qu’on n’est pas encore sorti de l’auberge et qu’à ce rythme la soif pourrait être un potentiel déstabilisateur de la vie paisible des citoyens.
Rappel sur la Centrale Aftout Essahli
La centrale Aftout Essahli est composée de trois stations, chacune d’une capacité de 5 700 mètres cubes par heure, à partir de laquelle l’eau est pompée vers la station d’épuration de Béni Na’aji.
Cette dernière, qui comprend à son tour 3 pompes, chacune d’une capacité de 6 800 mètres cubes par heure, est contrôlée par des changeurs de fréquence modernes. Il s’agit d’une alimentation électrique de moyenne tension de 33 kilovolts provenant d’un poste de transformation de 900 kilovolts, et disposant d’un système de refroidissement automatique interne alimenté en circuit fermé.
La tension y est contrôlée en changeant le pourcentage de fréquence de 50 hertz pour transférer l’eau vers le réservoir de Nouakchott, d’une capacité de 199 000 mètres cubes, via un pipeline d’un diamètre de 1 200 centimètres cubes, sur une distance de 176 km.
Il convient de noter que cette pompe prélève l’eau à la source où elle est l’objet d’un premier traitement en ajoutant des produits chimiques propres à cet effet.
Il est à noter que cette station est équipée d’une unité de traitement interne avec un système de filtration pour produire de l’eau potable localement et est utilisée à des fins de production interne et pour alimenter les villages et villes voisins de Keur Macène, N’Khaila Béni Naaji, d’une capacité de 1400 mètres cubes par jour, et dispose d’équipes de maintenance et d’ouvriers pour assurer le suivi.