Le Premier ministre Mohamed Ould Bilal vient de présenter devant l’Assemblée nationale la Déclaration de la Politique Générale de l’Etat (DPG).
Dans son profond esprit ainsi que celui des députés, le Chef du gouvernement comme d’ailleurs les parlementaires est convaincu, en tenant un discours fleuve prononcé exclusivement en arabe, de s’être adressé à toute la Nation et d’avoir consacré le cher vœu tant souhaité et tant défendu du Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani relatif à la nécessité de tout déployer pour assurer un service public parfait.
Malheureusement de grands pans des citoyens non arabophones n’ont rien compris à cette diarrhée et à ce remake de discours creux qui ne font qu’enfoncer le fossé entre les gouvernants et les gouvernés.
En effet, comment un système qui se prétend défendre l’unité nationale et promouvoir la cohésion sociale des mauritaniens toutes catégories confondues, peut-il faire apparaitre dans ses conduites les preuves irréfutables de la sélectivité, la marginalisation, l’exclusion, le reniement de l’autre…
Un service public exemplaire doit profiter à tous les citoyens au même moment et avec la même intensité.
Pourquoi alors, s’adresser seulement à une partie des mauritaniens et ignorer délibérément les autres composantes en refusant de s’exprimer dans leurs langues à défaut de le faire en français, qu’ils peuvent comprendre au moins et mieux que l’arabe.
Cela ne fera que du bien dès lors où il permettra à tous les mauritaniens d’interagir simultanément à la manifeste mais peu sincère de la volonté politique de leurs dirigeants et de ne pas verser dans les positionnements divergents, en se voyant traiter différemment.
La Primature dont l’énorme et inépuisable budget est dilapidé dans le confort et le luxe de ses locateurs ne dispose-t-elle pas d’un service de traduction pour veiller à présenter d’affilée la DPG à tous les mauritaniens et éviter l’erreur monumentale d’accorder la primauté à une composante et par conséquent instaurer officiellement et intentionnellement la discrimination en s’adressant seulement à une composante sur quatre pour certaines et sur cinq pour d’autres.
D’ailleurs cette même composante ne comprend pas l’arabe « Elvousha » (pur), que même les intellectuels peinent à maitriser.
C’est un coup très dur porté au service public dont la responsabilité incombe malheureusement aujourd’hui, non seulement au Premier ministre, mais également aux députés lesquels semblent oublier qu’ils sont cette main interposée entre eux et le système et doivent donc veiller à ce qu’ils soient traités sur le même pied d’égalité.
C’est vraiment dommage que des centaines de milliers de citoyens attendront quelques jours pour être édifiés sur le bavardage politicien, discriminatoire et vide du Premier ministre et de l’indifférence des parlementaires devant les attentes blessées de leur peuple.