Le président Ould Ghazaouni est semble-t-il résolument déterminé à mener une guerre sans merci contre la corruption pratiquée à grande échelle dans le pays et dont son pouvoir investi, il y a plus de deux ans, n’a pas encore réellement réussi à endiguer, d’où le sentiment des citoyens de vivre de nouveau le début d’une seconde décennie de la corruption en cette deuxième décade du 3ème millénaire.
Ainsi quelques jours seulement, après son discours annonciateur de cette ferme volonté de mener fin aux détournements d’une part et le rattachement de l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) d’autre part à la présidence au lieu du Premier ministère, les limiers de l’Etat viennent de capturer un gros « requin » de la gabegie.
Il s’agit du Directeur Général du port de la pêche artisanale de Nouadhibou dit port de la Baie du Repos Mohamed Vall Ould Youcef.
L’homme est trempé dans la gabegie depuis très longtemps, pendant qu’il était aux commandes du stade olympique et plus tard de la Socogim, société publique spécialisée dans l’immobilier, où il a été le patron incontesté de l’ancien président Ould Abdel Aziz.
Etablir le rapport à ce stade suffit pour comprendre combien l’homme « qui voulait mourir à la place d’Aziz », serait éclaboussé par les scandales relatifs aux biens mal acquis.
Fouiller dans les archives de cette société immobilière sera incontestablement révélateur d’une corruption pratiquée à grande échelle en vertu de laquelle le domaine public aura été bradé uniquement à des nantis et des personnalités puissantes du sérail, notamment du côté du quartier Tevragh Zeina, qui a connu en son temps une extension spectaculaire jusqu’à la plage de Nouakchott et au delà du Centre émetteur qui se trouvait avant dans un espace inhabité.
Toutefois, Ould Youcef qu’on qualifiait en termes de corruption de « requin », n’est pas un cas isolé.
En effet, la gabegie gangrène toutes les articulations de l’Etat, tant militaires, sécuritaires, civiles qu’administratives.
Ce qui revient à dire, qu’en cherchant à honorer avec abnégation et sérieux sa mission jusqu’à atteindre sa vitesse croisière, l’IGE parviendra à pêcher de centaines d’autres grands requins et petits requins, en attendant de de s’attaquer aux poissons et au pélagique
Ainsi pour dire, il y a plusieurs Youcef aux commandes des sociétés publiques, ministres, directeurs centraux et divisionnaires, que l’IGE de l’Etat est appelée à identifier au plus vite, afin que ce premier coup de filet annonciateur d’une lutte irréversible contre la corruption ne soit pas qualifié d’un grand bruit fait pour rien, où pire encore d’être taxé d’un règlement politique ou tribal.
Au meun des réactions à cette arrestation de Ould Youcef, dont deux collaborateurs du port de la pêche artisanale ont été également interpellés dans le même cadre, soulignons enfin l’optimisme manifesté par certains observateurs de la scène politique qui commencent à croire en la capacité et la détermination du Président Ould Ghazouani de rétablir, contre vents et marées, la transparence et la bonne gestion des deniers publics.
Certes, cette bataille sera de longue haleine et ne manquera pas d’être entravée par des voix tribalistes, régionalistes et sectaires sevrées à la corruption depuis les années 80 jusqu’à nos jours, mais son couronnement de succès n’est toutefois pas une chose impossible.