La discussion actuelle sur l’immigration et la citoyenneté dans cette région a soulevé la question sensible de l’octroi de la nationalité par certains pays africains à des personnes considérées, par certains, comme des « étrangers ». Cependant, la réalité est plus complexe que ces affirmations et dépend du contexte historique, géographique et social de la région, où les tribus et les communautés s’étendent au-delà des frontières politiques tracées par le colonialisme, sans tenir compte de ces extensions naturelles.
Aucun observateur averti ne peut nier que de nombreux peuples issus de pays voisins possèdent plus d’une nationalité. Ce n’est pas une exception, mais plutôt la règle dans de nombreux pays du continent. De nombreux Sahraouis, Maliens et Sénégalais détiennent la nationalité mauritanienne en plus de leur nationalité d’origine, tout comme de nombreux Mauritaniens, Algériens, Burkinabés, Sénégalais, Togolais et Nigériens détiennent la nationalité malienne. Un grand nombre de Maliens, de Tunisiens et de Mauritaniens possèdent également la nationalité algérienne, une pratique courante dans d’autres pays comme la Guinée, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Nigéria. Cette expansion démographique n’est pas nouvelle, mais constitue une réalité depuis des siècles, bien avant l’émergence des frontières modernes.
Les pays de la région sont bien conscients de cette réalité, et ces citoyens ne peuvent être privés de leurs droits simplement parce qu’ils possèdent une seconde nationalité. De même que les Africains ayant acquis la nationalité américaine ou française ne sont pas déchus de leurs droits dans leur pays d’origine, le fait de détenir une deuxième nationalité ne remet pas en cause les droits liés à la première, sauf dans des cas juridiques exceptionnels qui ne constituent pas la règle générale. Il s’agit d’un principe fondamental consacré par les accords internationaux et les textes des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme.
Cette extension entre pays voisins ne se limite pas à l’Afrique, mais concerne presque toutes les régions du monde. Par exemple, dans le Golfe arabique (Arabie saoudite, Koweït, Bahreïn, Qatar, Émirats arabes unis et Oman), de nombreuses familles sont présentes dans plusieurs de ces pays, ce qui conduit certaines personnes à obtenir une double nationalité, même si certains États du Golfe ne la reconnaissent pas officiellement.
En Europe, par exemple, entre la France, la Belgique et le Luxembourg, de nombreuses familles belges ont des liens étroits avec la France et le Luxembourg, et vice versa, ce qui facilite l’obtention de la double nationalité grâce aux liens familiaux.
Parallèlement, la réglementation des lois sur la nationalité et la garantie de leur juste application constituent une question de souveraineté légitime. Les États ont le droit d’établir des mécanismes juridiques pour empêcher les personnes non éligibles d’acquérir illégalement la nationalité, tout en préservant les droits des citoyens qui y sont liés par des attaches historiques et sociales. La question ne se réduit pas à un simple enjeu de documents d’identité, mais relève d’un tissu social complexe qu’il convient de traiter avec sagesse, loin des interprétations superficielles ou des visions étroites qui ignorent les réalités géographiques et historiques.
Hussein Agh Issa