Le Hezbollah a déploré ce samedi la mort de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, à la suite de ce qu’il a qualifié de « raid sioniste perfide » contre la banlieue sud de Beyrouth.
Dans un communiqué, le Hezbollah a déclaré que « Son Éminence Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, a rejoint ses glorieux et immortels camarades martyrs, qu’il a dirigé pendant près de trente ans, les guidant de victoire en victoire ».
Le communiqué a rendu hommage au leadership de Nasrallah durant des décennies dans la résistance contre Israël, notant que son dévouement à la cause de la libération palestinienne a défini sa vie et maintenant son « martyre ».
Nasrallah, qui était secrétaire général du Hezbollah depuis 1992, a joué un rôle clé dans le mouvement de résistance libanais, et en particulier dans ses confrontations avec les forces israéliennes.
Sa mort marque un moment important dans le conflit en cours entre le Hezbollah et Israël.
Le communiqué du Hezbollah conclut en réaffirmant l’engagement du groupe envers la mission de Nasrallah, et en affirmant que « Son martyre ne fera que renforcer la détermination de la résistance à poursuivre la lutte contre l’ennemi sioniste et à libérer la Palestine ».
Dans un communiqué précédent rendu public ce samedi, l’armée israélienne a affirmé avoir éliminé le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d’une opération visant le commandement central du Hezbollah, situé sous un immeuble résidentiel dans la banlieue sud de Beyrouth.
Depuis lundi, l’armée israélienne a mené ses bombardements « les plus intenses et les plus étendus » contre le Liban en près d’un an d’affrontements avec le Hezbollah.
En réponse aux attaques israéliennes, le Hezbollah a tiré des centaines de roquettes contre des sites militaires israéliens, des colonies et même le siège du Mossad à Tel-Aviv, dans un silence obstiné des autorités israéliennes sur le bilan des victimes et les dégâts causés, relèvent certains observateurs.
Le Hezbollah et Israël sont engagés dans une guerre transfrontalière depuis le début de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza, qui a fait près de 41 600 tués, dont la majorité est principalement composée de femmes et d’enfants, à la suite de l’attaque transfrontalière du Hamas datant du 7 octobre 2023.
La communauté internationale a mis en garde contre les frappes ciblant le territoire du Liban, dans la mesure où il y a un risque d’escalade du conflit de Gaza vers un conflit régional.
– Qui est Hassan Nasrallah ?
Hassan Nasrallah est né le 31 août 1960 dans le village de Bazouriyeh, près de Tyr, dans le sud du Liban.
Il est marié à Fatima Yassin et il a eu cinq enfants : Hadi, Zeinab, Mohammad Jawad, Mohammad Mahdi et Mohammad Ali.
Son aîné, Hadi, a été tué lors d’affrontements avec l’armée israélienne dans le sud du Liban en 1997.
Nasrallah a reçu une éducation religieuse dans des séminaires musulmans chiites au Liban, en Irak et en Iran. Il a rejoint le mouvement politique Amal au lycée et a été nommé à son bureau politique en 1979.
Suite à des désaccords sur la manière de résister à l’invasion israélienne du Liban, Nasrallah, entre autres figures du mouvement, a quitté Amal en 1982 pour rejoindre le groupe nouvellement formé, le Hezbollah. Il avait la charge au sein du groupe de mobiliser des combattants dans la vallée de la Bekaa au Liban.
En 1985, Nasrallah s’est installé dans la capitale Beyrouth, dans le cadre de sa nouvelle fonction de chef adjoint de la région. Plus tard, Nasrallah a assumé le rôle de chef de l’exécutif, chargé d’exécuter les décisions du Conseil de la Choura du groupe.
– Direction du Hezbollah
Nasrallah est devenu secrétaire général du Hezbollah le 16 février 1992, après l’assassinat de son prédécesseur Abbas al-Musawi, lors d’une frappe aérienne israélienne.
Sous la direction de Nasrallah, le Hezbollah a mené une série d’opérations stratégiques contre Israël, aboutissant au retrait des forces israéliennes du sud du Liban en 2000 après 22 ans d’occupation.
En 2004, il a joué un rôle clé dans la négociation d’un important échange de prisonniers avec Israël, qui a conduit à la libération de centaines de prisonniers libanais et arabes.
Son rôle dans le retrait d’Israël du Sud du Liban lui a valu le titre de « chef de la résistance », notamment après la confrontation ultérieure du Hezbollah avec Israël pendant la guerre du Liban de 2006.
Ses discours enflammés et son engagement à riposter aux attaques israéliennes, et notamment pour défendre les Palestiniens, ont encore renforcé la popularité de Nasrallah dans le monde arabe et islamique.
Mais cette popularité a diminué suite au soutien du Hezbollah au régime syrien contre les forces d’opposition durant la guerre civile syrienne, qui a éclaté en 2011.
La figure de leader du Hezbollah a regagné en popularité à la suite de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » lancée par les factions palestiniennes, dont le Hamas et le Jihad islamique, contre les colonies israéliennes près de Gaza le 7 octobre 2023.
L’offensive israélienne contre Gaza, qui se déroule désormais depuis près d’un an, a fait plus de 137 000 victimes palestiniennes.
Nasrallah a déclaré l’ouverture d’un « front dans le sud du Liban pour soutenir la résistance palestinienne », promettant lors de plusieurs discours de maintenir l’effort jusqu’à la fin de la guerre contre Gaza.
Son assassinat survient alors que la France et les États-Unis intensifient leurs efforts pour négocier un cessez-le-feu temporaire de 21 jours entre Israël et le Hezbollah, visant à ouvrir la voie à des solutions diplomatiques sur les deux fronts au Liban et à Gaza.
AA