Un peu moins de deux mois après la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) remportée par le Sénégal, les Pharaons d’Égypte retrouvent les Lions de la Téranga pour, cette fois-ci, une place à la prochaine Coupe du monde, qui va se dérouler au Qatar. Pour Mohamed Salah et Sadio Mané, les deux stars de Liverpool, c’est un nouveau combat fratricide mais en toute sportivité qui se profile en deux manches, la première le 25 mars au Caire, la seconde le 29 mars à Dakar, au stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio.
L’union sacrée contre le Sénégal
En Égypte, c’est tout simplement l’union sacrée. Carlos Queiroz, dont la suspension de deux matchs (face au Cameroun lors des demi-finales de la CAN) a été réduite à une seule, appelle à la mobilisation générale des 100 millions d’Égyptiens pour une union des c?urs derrière l’équipe nationale. « Jour J – 5. Prioriser les objectifs et les rêves, rien n’est impossible. Ne doutez jamais qu’une équipe pleine de personnes courageuses, talentueuses et engagées peut changer l’avenir. Tous ensemble maintenant unis, soutenant l’équipe d’Égypte. Un drapeau égyptien à chaque fenêtre. Un maillot de l’équipe nationale pour chaque fan. Cent millions de fans réunis et unis en un battement de coeur », disait-il sur son compte Twitter. Ce match a pris une tout autre dimension depuis la dernière confrontation entre les deux équipes à la CAN et l’Égypte tient à marquer le coup.
Des frustrations à dépasser
En observant certains joueurs égyptiens de retour dans leurs clubs respectifs, on a pu noter combien ils devraient être focalisés sur les barrages en raison de moments difficiles qui ont suivi la compétition continentale.
Abou Gabal, dit Gabaski, probablement le meilleur gardien de but de la dernière CAN, symbolise les difficultés du Zamalek, déjà éliminé de la phase de groupes de Ligue des champions après seulement quatre journées. Moins rassurant dans ses sorties, son retour au quotidien semble difficile. Il devrait d’ailleurs quitter son club en fin de saison vers le championnat saoudien.
Al Ahly, qui possédait sept joueurs dans la sélection égyptienne ayant participé à la CAN, semble également essoufflé depuis son retour de la Coupe du monde des clubs, où il a décroché la troisième place pour la deuxième année consécutive. Avec seulement quatre points décrochés en quatre journées, et deux défaites consécutives face aux Sud-Africains des Mamelodi Sundowns, il devra lutter jusqu’à la dernière journée pour assurer sa qualification pour les quarts de finale.
Sachant que ces deux clubs sont ceux comptant le plus grand nombre de joueurs dans la sélection des Pharaons, et sans occulter d’autres facteurs expliquant leurs performances poussives dans les compétitions en Afrique, il y a lieu de penser que l’équipe égyptienne sera surmotivée. De plus, pour Mohamed Salah, blessé lors de la dernière Coupe du monde, l’opportunité est grande de rejouer une Coupe du monde en étant au sommet de son art.
Une sélection égyptienne qui peut surprendre
Par rapport à la CAN, la liste de Carlos Queiroz a connu quelques ajustements. Tout d’abord, seuls 23 joueurs ont été convoqués, soit 5 de moins que durant la CAN. Mais surtout on note le retour de l’excellent meneur de jeu d’Al Ahly, Magdy Afsha, un joueur dont la non-sélection a fait débat en Égypte. Deux fois couronné champion d’Afrique avec son club, il a été élu homme du match des deux dernières finales de Ligue des champions et peut être considéré comme l’un des meilleurs joueurs évoluant sur le continent. Sa créativité et sa qualité technique peuvent apporter une autre dimension au jeu robuste et organisé de l’équipe égyptienne.
D’un autre côté, un choix fort a été fait avec la non-sélection de Mohamed Sherif, attaquant incontournable d’Al Ahly. Il avait peu joué lors de la CAN bien que la ligne d’attaque égyptienne n’ait pas forcément beaucoup pesé en dehors de Mohamed Salah. Son entrée en jeu, suivie de son remplacement une dizaine de minutes après lors des prolongations face au Cameroun en demi-finale de la CAN, n’est pas passée inaperçue. Toutefois, l’Égypte devra composer une nouvelle fois avec les absences des défenseurs Ahmed Hegazi (Al Ittihad, Arabie saoudite) et Akram Tawfik (Al Ahly, Égypte), tous deux blessés durant la CAN.
Le Sénégal, un champion qui en veut encore
« Remporter la Coupe d’Afrique des nations, c’est bien ; remporter la Coupe du monde, c’est mieux », déclarait Aliou Cissé lors de la conférence de presse annonçant sa liste de joueurs sélectionnés pour les barrages, un signe que le Sénégal n’est pas rassasié et ne souhaite pas en rester là. Maintenant que le statut de meilleure équipe africaine au classement CAF a été validé par la victoire finale à la CAN, il s’agit de franchir un palier supérieur en étant parmi les représentants du continent africain à la Coupe du monde. Sadio Mané a eu le même discours lors de son interview dans les colonnes de France Football : « La Coupe du monde, c’est mon nouveau rêve. Mais, avant cela, il va falloir se qualifier. J’ai envie de croire en des projets un peu fous et celui qui consiste à remporter le Mondial avec le Sénégal en est un », a-t-il dit en confirmant son ambition.
Une sélection sénégalaise qui garde son tranchant
En regardant la liste du sélectionneur Aliou Cissé, on voit qu’il a retenu l’adage selon lequel on ne change pas une équipe qui gagne, même si le Marseillais Boubacar Kamara ou le Monégasque Sofiane Diop sont régulièrement cités comme de potentiels renforts. Seul changement majeur : le retour en sélection du latéral Youssouf Sabaly, revenu d’une longue blessure et qui a retrouvé un temps de jeu important du côté du Betis Séville.
Sinon, le Sénégal pourra bien compter sur son ailier Ismaïla Sarr, qui a été blessé aux ischio-jambiers début mars et qui a repris son entraînement avec Watford. Une fois de plus, son état de forme sera une donnée essentielle dans la qualité de jeu que le Sénégal pourra fournir pour défendre ses chances face aux Pharaons.
Égypte-Sénégal : que nous dit le rétroviseur des éliminatoires ?
Le dernier affrontement entre les deux équipes lors d’éliminatoires de la Coupe du monde remonte à 2002. Les deux équipes avaient figuré dans un véritable groupe de la mort en compagnie de l’Algérie, mais aussi du Maroc, alors considéré comme le favori à l’accession au Mondial, la Namibie complétant le groupe.
Les deux rencontres opposant le Sénégal à l’Égypte s’étaient soldées par un match nul vierge au stade Léopold-Sédar-Senghor de Dakar, et une victoire 1 à 0 des Pharaons au Caire sur un but d’Ahmed Hossam Mido. Malgré cela, les Lions de la Téranga avaient fini premiers de leur groupe avec 15 points, soit deux de plus que l’Égypte et le Maroc. Ils avaient encaissé deux petits buts lors de la phase finale des éliminatoires, avant de s’en aller vers une finale de CAN et un parcours mémorable jusqu’en quart de finale durant la Coupe du monde qui s’était déroulée en Corée.
Vingt ans plus tard, il est permis de rêver, d’autant que le Sénégal porte cette fois la couronne de champion d’Afrique
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