« Quatre conditions de la sécurité: Retour des hassanes et leurs anciens esclaves à leurs positions avant 1987, Désarmement des milices arabes, Revenir à des Forces Armées et de sécurité républicaines, Redéployer au Nord les bases militaires concentrées au Sud »
Siree KAN, rédacteur du DEMI-MANIFESTE du 16 novembre 2020
Plan du document
INTRODUCTION
- BILAN.
1.1 Question berbère
1.2 Qui veut aller au référendum?
(questions harratine et noirs non arabes )
(la question arabe serait pendant combien de temps encore notre domination des noirs? ) - PERSPECTIVES
2.1 Indépendance directe
2.2 Pour un retour à la confiance - NOS MORTS SONT VIVANTS (ajout)
INTRODUCTION
Où en est-on aujourd’hui concernant les propositions contenues dans ce document sorti il y a tout juste 2 ans aujourd’hui? J’en parle sous forme de bilan et perspectives. Le mutisme du Général Ghazouani sur l’indépendance du Sud est regrettable. Et pourtant, selon une source proche du pouvoir, il a parlé en décembre du mouvement MAÏS [01] avec de hautes personnalités politiques. Nous réitérons au Chef de la junte notre attachement à une solution négociée qui ferait l’économie d’une guerre et assurerait une cohabitation pacifique entre les deux futurs États voisins.
Le titre initial de cette publication était « Bilan et perspectives ». Vu l’urgence de la sécurisation des noirs face aux milices arabes et une armée pilotée par des généraux hassanes, avec des troupes haratines aux ordres, le titre a été modifié pour mettre en relief les 4 conditions minimum pour un retour de la confiance entre nos communautés. C’est la junte qui a divisé notre peuple en versant à grande échelle le sang des noirs, les humiliant. Notre ennemi commun depuis 1978 ce sont les militaires qui ont répandu le vol, la corruption et les crimes de sang.
Avant tout, rappelons que la partition proposée dans le DEMI-MANIFESTE N’EST PAS…ETHNIQUE! C’est juste un partage du territoire pour sécuriser les tékrouriens déjà victimes d’un génocide de 1989 à 1991. Il y aura liberté de circulation des biens et des personnes de part et d’autre de la frontière. Cette partition territoriale réglera aussi le partage des pouvoirs politique, militaire, économique, financier,…les richesses seront ventilées dans chacun des Etats selon leurs conceptions de la justice sociale et de l’équité.
1 BILAN
1.1 Question berbère
Elle n’avait pas été abordée dans le DEMI-MANIFESTE. Existe-t-elle vraiment en Mauritanie? Il serait plus correct de dire qu’elle est occultée, même par les premiers concernés. À Méderdra et ailleurs, certaines familles ne parlent leur vieille langue que dans leurs maisons, à l’abri d’oreilles indiscrètes. Nos autochtones amazighs sont menacés de disparition identitaire, comme les noirs non arabes d’ailleurs. Les znagas [Sanhadja ndlr] ne revendiquent que très sporadiquement leur berbérité à cause de leur assimilation forcée depuis le 17ème siècle par les hassanes. Une revendication indépendantiste de leur part serait inimaginable vu leur faible nombre mais il est important de souligner qu’ils sont autochtones au même titre que les noirs et qu’ils doivent être respectés. Les envahisseurs sur cette vaste étendue entre le Maroc et le Sénégal furent les arabes, les français et les espagnols.
1.2 Qui veut aller au référendum ?
À la lecture du DEMI-MANIFESTE, le système s’était affolé et provoqué, par sa censure malhabile, un buzz politique dont la conséquence fut des débats tendus sur une question taboue: faut-il diviser le pays? Oui pour le demi-manifeste, c’est la seule possibilité si on veut éviter une guerre sanglante. Le mariage est légal, le divorce aussi !
Il avait été proposé deux référendums d’autodétermination des autochtones: le vote des noirs non arabes en 2022, trop tard! Il était suivi de celui des haratines en 2024.
Même si les anciens esclaves des arabes n’ont pas exprimé le besoin de s’autodéterminer, aller aux urnes pourrait mieux clarifier leur identité tiraillée. La réponse de la communauté la plus dense démographiquement ressemblerait à « ni maures, ni noirs, haratines tout simplement! ». Selon Baba Ould Jiddou, cadre APP et membre du mouvement El Hor, ils souffriraient plus de pauvreté et d’ignorance que d’apartheid. Après la sortie du manifeste il avait donné une opinion qui étaye cette différence de problématique entre les deux ensembles noirs[02].
Ainsi, le référendum des haratines ne serait pas encore à l’ordre du jour.
Seuls les noirs non arabes ont des raisons sérieuses de s’inquiéter si la cohabitation avec les hassanes se poursuivait. Dans cet ensemble, plus les séquelles du génocide sont profondes, plus le désir de divorcer avec le Trab El beidhan est grand. Les adhésions à MAÏS montent en flèche à chaque mesure raciste. Ce système négrophobe est le premier recruteur d’indépendantistes, y compris d’importants éléments haratines. Je remercie les arabes justes, mais rares, qui ont compris le calvaire des noirs et seraient heureux de les voir dans un pays bien à eux.
2 PERSPECTIVES
2.1 Indépendance directe
Face au mutisme de la junte, le référendum pour les noirs non arabes n’a plus la confiance des makkistes [indépendantistes de MAÏS ndlr], encore moins l’option de l’Etat Fédéral qui pourrait reproduire les travers de l’Etat unitaire. Il faut définitivement enterrer l’unité du cavalier avec sa monture, et cette hypocrisie de la fraternité islamique spécialisée dans la fabrique d’apatrides noirs.
C’est la perte de confiance en l’Etat qui réconforte MAÏS dans son choix pour une indépendance directe passant par une reconnaissance internationale du Tékrour et la nécessité de faire garantir la non-répétition des génocides physiques, biométriques, culturels…
Le DEMI-MANIFESTE avait proposé 2 référendums, une période d’autonomie des régions, des régions regroupées en Etats fédérés, Etats séparés en cas d’échec de la Fédération. Ce phasage diminuait au maximum les risques de guerre ou de conflits sans fin.
L’élite du Trab El beidhan, réunie il y a quelques années, avait conclu à l’échec du projet Mauritanie et à l’éclatement imminent du pays. Le Premier-Ministre Yahya Ould Hademine avait officiellement confirmé en juin 2017 cette analyse en déclarant que <> [03]
Qu’attend alors le Général pour proclamer l’indépendance du Tékrour ? Peut-être la fin de l’exploitation du nouveau gaz découvert au Sud et qui devrait rapporter 20 milliards de dollars en 10 ans au Sénégal à la Mauritanie. Si tel est le cas, le système fait un très mauvais calcul, même s’il decidait de ne plus délaisser la vallée.
2.2 Pour un retour à la confiance
On peut énumérer 4 conditions minimales de sécurité intérieure pour envisager un jour une négociation sereine en vue d’une séparation à l’amiable entre la Mauritanie et le Sud mauritanien (pays Tékrour):
i) Retour des hassanes et leurs anciens esclaves à leurs positions avant 1987, début de l’épuration ethnique par le nettoyage de l’armée. Les tékrouriens sont envahis jusque dans leurs villages par ces occupants installés après le génocide contre les noirs non arabes ayant surtout ciblé les peuls.
ii) Désarmement des milices arabes surarmées et soutenues par l’armée régulière. Lors de renouvellements de son arsenal militaire, l’armée a donné le stock ancien à des arabes. Des munitions quittent les casernes pour des mains peu bien intentionnées envers les noirs.
iii) Revenir à des Forces Armées et de sécurité républicaines est un impératif, la vie des tékrouriens en dépend. Cette armée quasi hassanophone effraie le Tékrour. Revenir à la diversité qui a battu le Polisario.
iv)Réduire les casernes militaires dans le sud et les effectifs de police, de gendarmerie et de garde. Le Tékrour n’est pas une colonie et ces corps armés d’occupation devraient être redéployés au Nord et à l’Est, là où il y a le Polisario, Azawad, le terrorisme, les trafics en tous genre,…
Je demande au Président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, dont j’ai constaté la piété, son désintérêt pour les biens matériels et un meilleur respect des opposants que son prédécesseur, d’examiner avec une vigilance de chef d’Etat-major cette liste non exhaustive de points noirs et d’en neutraliser tous les dangers.
J’invite tous les partis et mouvements piégés par le cadre légal de la junte et sa fausse démocratie, ses faux droits humains, à inclure dans leurs plateformes les 4 points minimum pour que le sang d’innocents cesse de couler et que la confiance intercommutaire revienne. N’ayez pas peur qu’on vous retire votre récépissé ou qu’on vous le refuse. Nos vies, vos vies, valent mieux qu’un bout de papier.
Si une réponse adaptée avait été apportée au DEMI-MANIFESTE, MAÏS n’aurait peut-être pas vu le jour en 2021. Le mariage est permis, le divorce aussi est permis!
- NOS MORTS SONT VIVANTS!
Je m’incline devant messieurs Demmba Sekk et Satigi Umar Hammadi Sy, deux signataires en février 1966 du manifeste des 19 qui ont rejoint rejoint le paradis bien mérité par leurs efforts pour fonder une Mauritanie juste et équitable. Paix à leurs ames.
MAÏS est en train de produire 33 tablettes pour le cadrage de la formation de ses makkistes. Après cette semaine meurtière, voici la proposition d’appelations pour les 8 premières tablettes :
- Ceerno Aamadu Yero KIIƊEE
- Sheikh Anta DIOP
- War Diaby NJAAY
- Demmba SEKK
- Niousséré OMOTUNDE
- Umar Hammadi SY
- Boudah Bouceiri
- Mohamed Ould Cheikh
Que l’âme de chacun de nos disparus repose en paix et baigne dans les paradis de l’Eternel.
أللهم اغفر لهم و ارحمهم و ادخلهم جناة النعيم
mardi 16 novembre 2022
Siree KAN
Rédacteur du DEMI-MANIFESTE [04] et fondateur de MAÏS
Ex porte-parole de l’AJD/MR(2008-2014)
cire.kane@gmail.com
*DEMI-MANIFESTE
Le 16 novembre 2020 paraissait la première partie d’une serie de publications intitulé « Mauritanie : Partition ou guerre ? ». Un journaliste arabe l’avait très vite traduit et, en m’appelant, il avait parlé de demi-manifeste et l’appellation est restée
Cette traduction express était probablement la crainte que le document soit dénaturé vu son titre faussement va-t-en guerre.
L’écrit était devenu viral dès sa publication, à tel point que son retrait d’un site fut ordonné le lendemain par la junte. Une erreur fatale car les réseaux sociaux, pour contrer cette censure injuste, diffusèrent et partagèrent le contenu. Les statistiques sur ma page officielle affichaient plusieurs milliers de lectures une semaine après l’interdiction de l’article pour atteinte à l’intégrité territoriale et à la sécurité de l’Etat. Au total, il a enregistré +92.000 interactions avec le public à ce jour.
[01]
MAÏS est le Mouvement des Autochtones pour l’Indépendance du Sud mauritanien créé le 28 novembre 2021. Il n’y a pas de président, il est dirigé par un comité de pilotage élargi dont la composition est tenue secrète pour contrarier les services de renseignement de la junte. Pas de statuts, règlement intérieur, politique générale,…
[02]
Baba JIDDOU, cadre APP, membre El Hor:
<>
18/12/2020
[03]
Selon Alakhbar info, ces propos ont été tenus par Yahya Ould Hademine, ancien Premier-Ministre de la junte. Des témoins oculaires ont confirmé. Ces dires n’ont jamais été démentis ni par Ould hademine, ni par les généraux.
[04]
REMERCIEMEMENTS
La rédaction du DEMI-MANIFESTE a été facilitée par des ressources pointues en Droits humains, en politique et en Histoire. Qu’ils soient tous remerciés et , particulièrement, Ciré Ba, analyste et historien inépuisable, très disponible pour la relecture et l’amendement des fragments d’histoire.
C’est aussi l’occasion de remercier à nouveau les premiers soutiens. Ousmane Abdoul Sarr est à mes côtés dès la parution de l’article. Le Président Samba THIAM, que je n’ai jamais vu appelle à un débat sérieux autour de la partition en expliquant que c’est, pour ceux qui ont bien lu, la proposition de Ciré est pour éviter la guerre.
Merci au 900 commentaires qui m’ont permis de saisir le pouls de ces échanges à chaud sur les réseaux sociaux. Et d’ajuster les parties 2 et 3 de la série « Mauritanie » partition ou guerre ? ».
