À l’approche de l’élection présidentielle du 29 juin 2024, nous sommes au regret de constater des manœuvres des autorités mauritaniennes qui ne sont pas de nature à rassurer sur l’organisation d’une élection libre et apaisée. Nous tenons par la présente déclaration à informer l’opinion publique et à attirer l’attention de tous ceux qui sont soucieux de préserver la paix en République Islamique de Mauritanie, d’agir immédiatement à leurs niveaux de responsabilités respectifs afin de préserver la paix dans le pays.
En effet, depuis plusieurs semaines, des colonnes des forces de défense et de sécurité circulent dans les quartiers populaires de Nouakchott ainsi que dans plusieurs localités de l’intérieur du pays. Ces manœuvres ressemblent à des opérations d’intimidation et n’augurent pas de lendemain paisible dans un pays qui n’a pas encore pansé les blessures profondes reçues durant les régimes d’exceptions.
De plus, la CENI (Commission Nationale Indépendante), chargée de l’organisation des élections, aurait supprimé plusieurs bureaux de vote dans des localités favorables à l’opposition. Une action similaire au refus de cette organisation de permettre aux citoyens mauritaniens résidant dans certains pays comme le Sénégal de pouvoir participer au vote. Plus grave encore, dans des pays comme les États-Unis, la CENI a refusé d’ouvrir des bureaux de vote dans des villes à forte concentration de Mauritaniens comme Memphis, Philadelphia ou Denver, tout en ouvrant un bureau de vote à New Orleans (Louisiane) qui abrite moins de Mauritaniens.
Déjà, avant même le début des inscriptions, dans plusieurs quartiers populaires de Nouakchott et au Sud du pays, des milliers de Mauritaniens n’avaient pas pu s’enrôler sur le registre d’état civil, ce qui les empêche de se munir de pièces d’état civil et donc de participer au vote. Parmi ceux récemment enrôlés, beaucoup n’arrivent toujours pas à obtenir leur numéro d’identification, étape nécessaire avant l’obtention de la carte nationale d’identité. Ces obstacles administratifs que nous avons soulignés dans nos précédentes déclarations n’ont jamais été levés par les autorités, malgré nos multiples rappels.
Toutes ces manœuvres semblent s’inscrire dans la volonté des autorités actuelles d’empêcher certains Mauritaniens, qui ne sont pas favorables au candidat sortant, de participer au vote, de les intimider ou, le cas échéant, de supprimer leur vote.
Le vote est un devoir civique que tout citoyen doit effectuer sans contrainte et sans intimidation de quelque nature que ce soit. Au sortir des urnes, la volonté populaire doit être respectée. Les forces de l’ordre doivent observer une stricte neutralité en garantissant la sécurité des citoyens et en évitant de s’immiscer dans le processus électoral. Le candidat que les Mauritaniens auront choisi devrait présider aux destinées de ce pays. Toute entorse à ces règles élémentaires risquerait de plonger le pays dans des lendemains incertains.
Mauritanian Network for Human Rights invite les chancelleries étrangères et la presse étrangère à observer une stricte neutralité tout au long du processus et à éviter de faire des déclarations en faveur d’un candidat que les Mauritaniens n’auront pas choisi par les urnes.
Fait à Washington, le 28 juin 2024.