« MAÏS a été créé pour PRÉVENIR un autre génocide. La meilleure façon d’empêcher une autre tragédie et son lot de souffrances sur plusieurs décennies, est de tracer une frontière sûre qui SÉPARE les bourreaux et leurs soutiens de leurs victimes potentielles. »
lundi 25/11/2024
Mouvement des Autochtones pour l’indépendance du Sud mauritanien(MAÏS)
Cette communication du Mouvement des Autochtones pour l Indépendance du Sud(MAÏS) rappelle des positions déjà exprimées l’année dernière à travers de courts messages de sensibilisation. Il a été jugé utile de les rassembler vu l’importance du 28 novembre. Remerciements à Mahamadou Sy, l’auteur de l’Enfer d’Inal[01] et tou.te.s les personnes qui, par leurs témoignages et leurs actions, contribuent à l’accomplissement du devoir de mémoire et de vérité. Cet article, malgré son regard parfois critique, encourage à poursuivre ces commémorations en lien avec le génocide de 89-91 tout en réfléchissant à d’autres formes de lutte dont l’indépendance de la Mauritanie du Sud.
1)Abrogation de l’amnistie? un fusil chargé par la junte
La Justice, comme tous les autres pouvoirs
en Mauritanie, est aux mains de la junte. Pour préserver leurs intérêts, les militaires pourraient satisfaire la sempiternelle demande d’abrogation de la loi de 1993 amnistiant les bourreaux dans leurs rangs afin d’avoir le privilège de juger eux-mêmes leurs criminels, ou ce qui en reste. À la fois juge et partie, il lui sera facile de les acquitter et même de les réhabiliter avec, en prime, la poursuite des défenseurs de droits humains pour diffamation d’honorables serviteurs de la Nation. Comprenons qu’amnistie ou pas, Il n’y aura jamais de justice pour une simple raison : jamais un assassin ne s’est jugé lui-même en passant devant un peloton d’éxécution ou en se pendant par une corde. Si ce pouvoir militaire avait une volonté réelle de dire la vérité et de rendre justice, il aurait d’abord levé le moratoire sur la peine de mort afin de l’appliquer aux assassins. Au lieu de cela il cherche à imposer aux victimes de pardonner sans qu’aucune enquête ne soit diligentée pour situer les responsabilités et punir les coupables.
Non, il n’y aura jamais justice avec ces colons et il ne sert à rien de la demander à un État génocidaire qui va jusqu’à nier les tombes de ses victimes qu’il a pourtant lui-même proposé de cartographier[02].
Aussi vrai qu’il ne peut y avoir de pardon sans justice, reconnaître tout au plus une vague responsabilité de l’État, sans conséquences pour la junte, sauf celles pécuniaires pour faire taire les plaignants impatients, ressemble à du dogdu dow huɓeere (courir sur le toit d’une maison). L’aire de course est circonscrite et la chute[des bottes et leurs bruits] est imminente.
2)Manifestation annuelle contre 64 ans de colonisation arabe [03]
Décréter le 28 novembre comme journée nationale de deuil est-ce suffisant ? N’est-ce pas limiter notre attention aux seuls pendus militaires du 28/11/1990[04]? Pour éviter un autre génocide, Il faudrait avoir le courage de demander l’indépendance de la Mauritanie du Sud. Le TEKRUUR, une fois indépendant, traînera Nouakchott devant les plus hautes juridictions internationales pour reconnaissance des crimes commis sur les noirs et réparations. La reconnaissance par la France de son implication dans le génocide des tutsis montre que Le bras de fer d’un État contre un autre État a plus de chance d’aboutir qu’une manifestation annuelle du 28 novembre.
La junte mise sur la mort de tous les rescapés pour effacer les crimes qu’elle niera toujours. La seule façon de sortir de ce système colonial est de disposer d’un Etat libre et indépendant qui mette les peuples autochtones à l’abri des exactions négrophobes. Sommes-nous prêts à arracher notre liberté ou notre asservissement est encore doux pour la plupart d’entre nous ? Il y a des douceurs très amères pour les générations futures. L’Indépendance sera la dernière bataille pour notre existence. Dès lors, pourquoi ne pas l’engager dès maintenant et avant la disparition de notre dernière once de dignité ?
3) Conclusion
MAÏS a été créé pour PRÉVENIR un autre génocide. La meilleure façon d’empêcher une autre tragédie et son lot de souffrances sur plusieurs décennies, est de tracer une frontière sûre qui SÉPARE les bourreaux et leurs soutiens de leurs victimes potentielles.
2030 est l’année prévisionnelle de l’Indépendance du TEKRUUR fixé par le manifeste de la partition pour éviter la guerre publié le 16/11/2020. Si la libération du Sud tarde, il faudra s’interroger sur les sacrifices restant à faire par cette génération. Si on est libérés comme projeté, ça sera l’œuvre d’une prise de conscience généralisée, le bon réflexe collectif quand l’heure est vraiment grave.
Mbaɗten eeɓol Amar!
(remettons la frontière d’Amar!)
25/11/2024
MAÏS
MOUVEMENT DES AUTOCHTONES POUR L’INDÉPENDANCE DU SUD MAURITANIEN
COMPLÉMENT : MIEUX COMPRENDRE LA DÉMARCHE MAÏS
MAÏS œuvre pour la reconnaissance par Nouakchott et la communauté internationale de la Mauritanie du Sud, appelée TEKRUUR pour symboliser la diversité ethnique qui caractérisait les populations de cet ancien Royaume ouest-africain.
La Mauritanie est vaste, 1 million de km2 pour seulement 4 millions d’habitants. Dans ce grand espace, de bonnes volontés issues de tous les peuples composant le pays peuvent s’accorder, sans effusion de sang, sur les lignes d’une frontière consensuelle entre le Trab El Beïdhan (terre des Beïdhanes) et la terre noire du TEKRUUR. Cette séparation est urgente pour empêcher la répétition du génocide de 1989. Aujourd’hui tous les éléments idéologiques et militaires sont réunis pour parachever l’effacement des noirs. MAÏS est un embryon de résistants à la colonisation par les arabes qui ne trouvera repos qu’à la libération totale de toutes les terres ancestrales occupées par la junte et ses soutiens civils.
MAÏS réclame le partage du territoire, pas le partage des peuples qui aspirent à vivre en paix en désamorçant les germes du « diviser pour mieux régner » que sèment les hauts gradés depuis 1978.
Le TEKRUUR sera une Fédération de peuples qui regroupera les Seereer, Wolof, Bambara, Soninké, Peul, Haratine, Znaga et …Hassan! Ce nom de pays a été choisi en référence à cette pluri-ethnicité. Le TEKRUUR a été gouverné par des peuls, des Soninkés, des seereer et des… Berbères! MAÏS a publié une ébauche de l’autonomie des régions naturelles de Mauritanie qui reflète le respect des peuples et la valorisation de leurs apports spécifiques.
Cet article paraîtra en exclusivité dans senalioune, le site de contournement de la censure et de l’autocensure. Toutes les publications de MAÏS sont consultables dans ce site.
NOTES
[01]
L’Enfer d’Inal est un livre paru en 2001. Mahamadou Sy, l’auteur, est un militaire rescapé des purges ethniques au sein des forces armées et de sécurité mauritaniennes initiés en 1987 par un commandement presque exclusivement arabe. Le sommum de la barbarie durant le génocide a été atteint en 1990 dans le camp militaire d’Inal situé au Nord du pays. Le 28/11/1990, pour fêter l’indépendance de la Mauritanie, 28 soldats peuls ont été pendus sur ordre de la junte. Pourquoi eux? Parce qu’ils étaient NOIRS et NON ARABES. C’est ce jour que le pays a été irréversiblement divisé en deux. La frontière entre le Nord et le Sud, initiée par le sang et les cadavres de ces martyrs, est creusée tous les jours par les injustices et bavures racistes de ce régime despotique.
[02]
La junte avait initié un projet de cartographie des sépultures des militaires noirs assassinés pendant le génocide, avant de se raviser avec l’aide du pouvoir religieux. En effet, contre toute attente, des pseudo-savants de la charia avaient estimé que le projet était en contradiction avec l’islam. Il est fort probable que les militaires ont eu peur que leurs données précisies sur l’emplacement des cadavres ne soit interprété comme un aveu qu’ils sont les donneurs d’ordre de toutes ces exécutions sommaires. Le pouvoir religieux aurait été sommé de rendre le projet illicite pour permettre le rétropédalage des militaires.
[03]
La colonisation par les arabes.
Les noirs de Mauritanie sont très peu nombreux à réaliser que depuis 1957, année de transfert du pouvoir colonial à Mokhtar Ould Daddah, ils vivent une recolonisation par les arabes bénie par la France. Ce deal entre anciens marchands d’esclaves aboutira à un génocide perpétré à huis clos de 1989 à …1991! Les élites civiles et militaires maures en partagent donc la responsabilité avec l’ancienne métropole qui a formé et équipé les forces armées et de sécurité de la Mauritanie, cette assistance militaire perdure. Le génocide était planifié de longue date et visait essentiellement l’ethnie peule très présente au sein de l’armée et qu’il fallait évincer. Ils n’ont dû leur salut qu’à la défaite en 1991 du dictateur irakien Saddam Hussein. C’était le principal soutien des suprémacistes arabes mauritaniens dont le projet macabre était de bâtir une Mauritanie exclusivement arabe en massacrant et déportant les noirs non arabes. Les partis politiques de ces extrémistes continuent encore aujourd’hui à être reconnus par la junte, sans que cela ne provoque la moindre protestation. Leur idéologie, toujours potable, abreuve la Présidence, le Gouvernement, l’Administration, la Justice, l’Armée et tous les centres de décision du pouvoir.
MAÏS milite pour la criminalisation du suprémacisme arabe, c’est l’origine idéologique du génocide.
[04]
Le génocide a endeuillé des centaines de familles mais les personnes disparues, sans matricule connu par l’État, sont très difficiles à recenser. Il y a eu plusieurs milliers de noir.e.s déporté.e.s vers le Sénégal et le Mali, combien sont mort.e.s du seul fait de la déportation? Des milliers. Il y a par exemple des veufs civils, il n’y a pas de liste des épouses tuées, ni des filles mortes après viol. Combien de civils portés disparus pendant les exactions dans la vallée?… Le bilan des civils tués est très élevé et on les oublie souvent pour s’en tenir aux données plus factuelles concernant les militaires ou les fonctionnaires. Eux ont des matricules et peuvent être indemnisés sur la base du salaire, sans calculs compliqués des biens perdus comme pour les opérateurs économiques.