Nouakchott, 15 juillet 2025 , l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), dirigée par le député Biram Dah Abeid, a officiellement annoncé son refus de participer au dialogue national initié par le gouvernement mauritanien. À travers une conférence de presse tenue dans la capitale, le mouvement a exprimé son profond scepticisme quant à la sincérité et aux objectifs réels de cette initiative politique, qualifiée de manœuvre de diversion.
Dans un document intitulé « Commencez sans nous ! », IRA explique que sa décision repose sur des convictions fermes : ce dialogue, selon ses dirigeants, ne vise ni la vérité, ni la réforme, mais cherche à donner l’illusion d’une ouverture politique, tout en perpétuant un système de domination fondé sur l’inaction, la duplicité et la répression.
« Le refus d’aller au festival des faux semblants ne tient ni du nihilisme, ni de la fuite en avant », affirme le mouvement, qui y voit une réponse lucide face à ce qu’il qualifie de stratégie d’usure, orchestrée par un pouvoir illégitime issu de la fraude électorale.
IRA accuse le pouvoir d’instrumentalisation politique
IRA dénonce une énième tentative de récupération politique visant à légitimer un régime discrédité. Selon le mouvement, les précédents dialogues organisés depuis 2005 ont accouché de promesses creuses, sans suite concrète. Il évoque en particulier la réunion du ministère de l’Intérieur en mars 2024, qui s’était soldée, d’après ses termes, par une « imposture » destinée uniquement à encadrer l’élection présidentielle du 29 juin 2024.
Répression et musellement des voix dissidentes
La déclaration revient également sur des épisodes récents de répression, notamment l’interdiction d’accueil populaire faite à Biram Dah Abeid à son retour à Nouakchott en juin dernier. Un déploiement massif des forces de l’ordre autour de l’aéroport avait été opéré pour empêcher ses sympathisants de se rassembler. IRA y voit une preuve supplémentaire de la volonté du pouvoir d’étouffer toute opposition structurée.
Une fermeture assumée… mais conditionnelle
Bien qu’elle rejette catégoriquement la démarche actuelle, IRA affirme qu’elle pourrait reconsidérer sa position si, contre toute attente, le dialogue débouche sur une véritable volonté de transformation. Le mouvement reste attaché à la justice, à l’équité et à la paix, mais refuse de servir d’alibi à un régime qui, selon lui, persiste à privilégier le clientélisme et la médiocratie.
Le boycott d’IRA et de son leader emblématique Biram Dah Abeid marque une fracture profonde dans le paysage politique mauritanien. Alors que le gouvernement espère une participation large pour légitimer son initiative, cette absence risque d’amoindrir la portée et la crédibilité du processus. IRA, de son côté, entend poursuivre sa mobilisation en dehors des cadres institutionnels, fidèle à sa ligne radicale et engagée pour un changement de fond.