Mes chers compatriotes,
Aujourd’hui, je viens vous parler d’un sujet qui touche au cœur de notre démocratie et de notre nation : la Déclaration de Patrimoine en Mauritanie. Une mesure qui, en apparence, semble prometteuse pour la transparence financière, mais qui, en réalité, révèle une profonde tromperie. La loi n°2007-54 du 18 septembre 2007, qui impose aux plus hauts responsables de l’État de déclarer leur patrimoine, semble au premier regard être un outil essentiel pour lutter contre la corruption. Pourtant, derrière cette belle façade se cache une grave lacune : ces déclarations ne sont pas rendues publiques.
Mesdames et Messieurs, cette situation doit nous interpeller. Dans d’autres pays voisins, la transparence est réelle, car les déclarations de patrimoine sont mises à la disposition du public. Mais en Mauritanie, tout se passe dans le secret d’un échange fermé entre la Commission et les responsables concernés. Alors, à qui ces dirigeants rendent-ils des comptes ? Est-ce à une Commission isolée ou au peuple souverain qui leur a confié la gestion des ressources du pays ? Cette question est cruciale, car c’est au peuple qu’ils doivent rendre des comptes !
Un appel à la mobilisation
Aujourd’hui, je m’adresse à mes camarades de l’opposition, à la société civile, et à tous ceux qui croient en une Mauritanie juste et transparente. Nous devons être l’avant-garde de cette lutte. Ensemble, nous devons nous mobiliser contre cette opacité inacceptable. Le peuple a le droit de savoir comment les biens de ses dirigeants évoluent, et de questionner tout enrichissement suspect.
Cette loi, telle qu’elle existe, prive les citoyens de leur droit légitime à la transparence. Elle perpétue une culture du secret, alors que nous devrions aspirer à une gouvernance ouverte, où les dirigeants sont responsables devant leurs citoyens. Sans une transparence totale, ces déclarations de patrimoine ne sont que des formalités vides de sens, des feuilles de papier qui ne servent qu’à apaiser les apparences.
Le besoin impératif de changer la loi
C’est pourquoi je le dis avec force : cette loi doit changer. Il est temps que les déclarations de patrimoine soient rendues publiques, comme cela se fait ailleurs. Comment pouvons-nous expliquer que certains hauts responsables, dont les salaires sont connus, affichent des signes extérieurs de richesse sans que personne ne puisse interroger l’origine de ces biens ? Comment accepter que des ministres s’offrent des villas de luxe et des voitures de prestige sans qu’aucune transparence ne soit imposée ?
Le gouvernement mauritanien, en maintenant ce secret, alimente la méfiance et encourage les suspicions. C’est un climat dangereux pour notre démocratie. Nous devons aller au-delà des symboles et exiger des actions concrètes. Cette loi de 2007 doit devenir un véritable outil de contrôle citoyen. Les citoyens et la presse doivent pouvoir accéder à ces informations, afin que tout enrichissement douteux soit immédiatement investigué.
Mes chers compatriotes, le peuple mauritanien mérite mieux. Nous méritons des dirigeants honnêtes, responsables, et surtout transparents. Ensemble, nous devons exiger un système où la transparence n’est pas une option, mais une obligation. Il est temps de mettre fin à cette mascarade et d’œuvrer pour une Mauritanie où la justice, l’intégrité et la transparence sont les fondements de notre gouvernance.
Je compte sur chacun de vous pour porter cette lutte, pour exiger ce changement, et pour construire ensemble une Mauritanie nouvelle, où le pouvoir est exercé dans la clarté et au service du peuple.
Je vous remercie.
Khally Mamadou Diallo
Député à l’Assemblée nationale