Entre 1989 et 1995, la Mauritanie a connu une période sombre marquée par une répression génocidaire ciblant la composante noire musulmane du pays. Dans des localités telles qu’Azlatt, Sory Malé, Wothie, Walata, Jreida, Inal, et dans toute la vallée, des violences inimaginables ont été perpétrées : meurtres, viols, tortures, déportations, disparitions forcées, exécutions extrajudiciaires, et des fosses communes, répandues à travers tout le territoire national.
Ce 28 novembre 2024 marque le 34e anniversaire du massacre des 28 militaires noirs musulmans mauritaniens, pendus dans la base d’Inal dans la région de Nouadhibou. Ces atrocités ont été commises dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, à l’occasion des célébrations de l’indépendance nationale, sous le régime de Maouya Ould Sid’Ahmed Taya, alors président et dictateur. Ces militaires, sélectionnés parmi des centaines de détenus arrêtés les mois précédents, furent marqués d’une croix et d’un numéro, allant de 1 à 28, avant d’être pendus dans des conditions barbares.
Dans son ouvrage L’Enfer d’Inal, publié en 2000, Mahamadou Sy décrit avec force les atrocités subies par les détenus noirs mauritaniens. Il témoigne des tortures infligées, notamment par un bourreau nommé Khattra : « Entre deux pendaisons, Khattra s’assoit sur un cadavre pour siroter son verre de thé ou au pied d’un pendu en récitant des versets du Coran. Il va d’un pendu à l’autre, achevant ceux qui tardent à mourir à coups de barre de fer, s’appliquant à porter les coups dans la région du cou. »
Une tragédie contraire aux principes sacrés
Ces crimes, qui violent les droits fondamentaux de la dignité humaine, trouvent également une condamnation explicite dans le texte sacré du Coran : « Quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution alors sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah l’a frappé de Sa colère, l’a maudit et lui a préparé un énorme châtiment. »
(Coran, 4 : 93) Ce verset rappelle la gravité de l’homicide intentionnel, un péché majeur qui entraîne la condamnation divine et éternelle. Le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a également déclaré : « Le croyant demeure en paix dans sa religion tant qu’il n’a pas versé le sang d’un innocent. »
L’amnistie de 1993 : une injustice inacceptable
En 1993, une loi d’amnistie a été adoptée, protégeant les auteurs de ces crimes des poursuites judiciaires. Cette loi, décriée comme nulle et sans fondement, est perçue comme une insulte aux victimes et à leurs familles. L’impunité accordée à ces génocidaires par leurs complices institutionnels demeure une blessure ouverte pour la nation.
Cependant, la lutte pour la vérité et la justice continue. Le peuple mauritanien, dans toutes ses diversités, refuse d’oublier et persévère pour briser le mur de l’impunité. Ce combat ne cessera qu’avec le triomphe de la justice.
Un appel à l’unité et à l’action
Comme l’a si bien dit Cynthia McKinney : « Nous sommes bien plus puissants lorsque nous nous tournons les uns vers les autres et non contre les autres, lorsque nous célébrons notre diversité… et ensemble abattons les murs imposants de l’injustice. »
Ce 34e anniversaire du massacre des 28 militaires noirs musulmans doit être l’occasion non seulement de commémorer ces martyrs, mais aussi de réaffirmer l’engagement pour une Mauritanie juste et unie, où les crimes du passé ne seront jamais oubliés et où les droits de tous seront protégés.
SY ABDOULAYE.