Rétablissons une vérité historique que beaucoup préfèrent oublier : la première migration de l’islam (la hijra) était en 615. Elle n’a pas été vers Médine, mais vers l’Afrique, plus précisément en Abyssinie, l’actuelle Éthiopie.
Fuyant les persécutions des Qoraïch, les premiers croyants arabes – peu nombreux, vulnérables – trouvèrent refuge auprès du Négus, titre porté jusqu’à Haîlé Sélassié par les rois noirs chrétiens d’Abyssinie. Le souverain Armah, nom arabisé en Ashama ibn Abjar, refusa de livrer les exilés malgré les pressions des puissants Mecquois. Il leur accorda l’asile et la sécurité.
Sans lui, ce premier noyau d’arabes muslims aurait été massacré. Il n’y aurait peut-être jamais eu d’islam.
𝐔𝐧𝐞 𝐟𝐚𝐥𝐬𝐢𝐟𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 : 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐮 𝐍𝐞́𝐠𝐮𝐬 𝐮𝐧 𝐦𝐮𝐬𝐥𝐢𝐦
Plus tard, certains auteurs arabes, pris d’une gêne ingrate, ont inventé que le Négus s’était secrètement converti à l’islam.
Mensonge !
C’était une manière de ne rien devoir à un roi noir chrétien, un roi qui représentait une Afrique puissante, crainte et respectée. C’était un Empire qui avait humilié les Arabes à plusieurs reprises : par l’invasion du Yémen, la christianisation de la région, et surtout cette fameuse campagne de l’éléphant qui faillit détruire la Kaaba.
La sourate de l’Éléphant raconte comment cette expédition abyssinienne aurait été arrêtée par des oiseaux lançant des pierres de feu. Il faut comprendre que c’est une parabole, un récit mythique pour construire la sacralité de la Mecque. En réalité, les troupes du Général Abrâha ont sans doute été décimées par une épidémie, selon des recherches historiques sérieuses.
𝐈𝐧𝐠𝐫𝐚𝐭𝐢𝐭𝐮𝐝𝐞 𝐚𝐫𝐚𝐛𝐞 𝐞𝐭 𝐞𝐟𝐟𝐚𝐜𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐧𝐨𝐢𝐫
Ce besoin de réécrire l’histoire au détriment des Noirs n’est pas un accident. Il traduit un mépris ancien. Savez-vous par exemple que Qirada, le mot arabe pour désigner les singes, est en lien avec les cheveux crêpus?
Certains penseront que je suis sévère avec les Arabes à cause du génocide qu’ils ont commis de 89 à 91 contre les Noirs mauritaniens. Mais ai-je besoin de préciser que j’ai moi-même quelque sang arabe ? Que tout ce que je leur reproche me revient comme un boomerang ? Ces vérités peuvent blesser mais elles sont nécessaires pour bien lire notre passé commun.
Tenez! Ma famille, comme le Négus, a accueilli vers 743 à Kummbi Saleh une quarantaine d’Arabes fuyant certainement des troubles en Arabie ou un quelconque malheur.
Ces hommes, pour bénéficier de la protection des Kane dans l’empire soninké du Wagadou (Ghana) ont pris notre nom de famille, devenant des Fulɓe (Peuls). Ils se prétendaient « descendants du Prophète », sans preuve.
Leurs descendants oseraient-ils se prêter à un test ADN? J’en doute fort, vu le peu de probabilité qu’un sang du prophète vadrouille sans surveillance jusqu’en Afrique de l’Ouest et s’y marie avec des crêpus. Par contre il ne fait aucun que l’Humanité entière a pour plus lointains ancêtres des noir.e.s. Et le père ne peut pas descendre du fils, sauf en cas de complexe du dernier converti.
𝐔𝐧𝐞 𝐯𝐢𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐫𝐮𝐬𝐞 : 𝐬𝐞 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐐𝐨𝐫𝐚𝐢̈𝐜𝐡 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐛𝐞́𝐧𝐞́𝐟𝐢𝐜𝐢𝐞𝐫 𝐝’𝐮𝐧 𝐬𝐭𝐚𝐭𝐮𝐭 𝐩𝐫𝐢𝐯𝐢𝐥𝐞́𝐠𝐢𝐞́.
D’autres peuples muslims ont fait pareil : les Iraniens vaincus par le calife Oumar en 651 ont tenté eux aussi de s’inventer une noblesse arabe.
Aujourd’hui encore, certains Noirs se disent « chérifs ». Quelle ironie ! Les arabes vaincus d’hier sont devenus nos seuls refuges. Tous nos modèles de sainteté et de droiture sont importés d’Orient ou d’Occident. Les perses ont finalement beaucoup de choses à apprendre sur la fierté d’être soi-même.
𝐋𝐞 𝐩𝐫𝐞́𝐜𝐞́𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐮 𝐖𝐚𝐠𝐚𝐝𝐨𝐮
L’ingratitude envers l’Abyssinie ne s’est pas arrêtée là. En 1076, l’empire du Wagadou, qui avait accueilli pacifiquement les Arabo-berbères muslims, fut attaqué et pillé par ces mêmes hôtes.
Pourtant, les vestiges de douze mosquées retrouvées dans sa capitale prouvent que ces « païens » avaient permis aux muslims de pratiquer librement leur religion.
Et comment furent-ils remerciés ?
Par la trahison.
Par la taqqiya (cacher ses vraies intentions)
Par le feu et le sang.
𝐑𝐞́𝐟𝐥𝐞𝐱𝐢𝐨𝐧 𝐬𝐩𝐢𝐫𝐢𝐭𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞
En ce vendredi, j’invite chacun à méditer sur ce verset profond:
« Dis : Même si la mer était une encre pour (écrire) les paroles de mon Seigneur, la mer s’épuiserait avant que ne s’épuisent les paroles de mon Seigneur, quand bien même Nous lui apporterions son équivalent en renfort. »
(Sourate Al-Kahf, verset 109)
Ce verset montre que la Parole de Dieu ne peut être enfermée dans un seul livre, une seule langue, une seule tradition.
Cherchons donc la connaissance dans toutes les sources : les Écrits, la Nature, la Mémoire des anciens.
𝐄𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐥𝐮𝐬𝐢𝐨𝐧
Que la paix revienne partout :
En RD Congo, en Ukraine, en Palestine, en Russie, en Iran, en Israël.
Nous sommes tous membres de la même humanité.
Et nul ne connaît sa destinée finale.
20 juin 2025
Sammba NDEET