Le projet de société du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui sera dans quelques semaines à sa troisième année de mise en œuvre, aura incontestablement à la veille de la présidentielle de juin 2024 un gout d’inachevé pour un pouvoir demeuré constamment plombé par les résidus des anciens régimes.
Un premier mandat présidentiel qui pourra aussi à la faveur des élections législatives, régionales et municipales de mai prochain, avoir, peut-on paraphraser, un gout “de bon débarras ».
C’est ce que pensent des observateurs avertis selon lesquels, Ould Ghazouani qui a réussi à instaurer un climat d’apaisement politique inédit et de s’attirer la sympathie et éviter l’inimitié de certains leaders de longue date de l’opposition, n’avait pas les coudes franches pour entretenir un tel rapprochement en raison d’un parti au pouvoir (ex UPR reconverti Insaf) et d’une majorité omniprésents et tenaces à diriger sans partage, comme à l’accoutumée, les affaires publiques.
Il n’est pas rare d’entendre certains analystes bien au fin des rouages de la politique, louer, avec des réserves certes, l’esprit d’ouverture et la volonté manifestes de Ould Ghazouani, tout en lui reprochant d’être l’otage de caciques du système, qui façonnaient la gestion du pays suivant leurs intérêts tribaux, régionaux, chauvinistes, clientélistes…
Avec les présentes législatives, régionales et municipales, le Président Ould Ghazouani qui est parvenu déjà à travers son bras droit, en l’occurrence le parti Insaf, à écarter du sérail des barons du pouvoir dont à titre d’exemple l’ex président du parlement sortant Cheikh Ould Baya (candidature rejetée) , est-il aujourd’hui entrain de se débarrasser astucieusement des derniers résistants du parti Etat en les investissant à briguer des élections où leurs chances de les emporter sont minimes.
Certes le Président Ould Ghazouani a grand besoin d’une Majorité confortable pour poursuivre son train de réformes, mais cette même majorité là qu’il avait obtenu au cours des trois années passées de son premier mandat présidentiel est elle-même le plus grand obstacle qui s’est dressé à son projet de société, en refusant de l’exécuter à la lettre, détournant les financements et les projets.
Autrement dit, une opposition modérée et pacifique est beaucoup plus constructive et utile pour le Président Ould Ghazouani, surtout par sa qualité de contrepouvoir et de contradicteur mû par l’intérêt général qu’une majorité confortable qui place ses intérêts étroits et égoïstes avant ceux de la République.
Avec la perspective d’une débâcle du parti Insaf aux législatives de mai 2023 et ces partis de la Majorité qui font exception à la règle dont l’UDP de Naha Mint Hamdi Ould Mouknass et Hatem de Saleh Ould Hanena, qui refusent les injonctions et menaces de la troika formée par Insaf, le ministre de l’intérieur Ould Mohamed Ahmed et le Premier ministre Ould Bilal, tout en appelant à voter à travers leurs formations pour le Président et son programme ainsi que pour préparer sa réélection l’an prochain, Ould Ghazouani aura-t-il concocté un plan B pour se débarrasser des dernières cliques des anciens systèmes qui entravent la mise en œuvre de sa gouvernance ?
Ayant déjà réussi à sympathiser avec les leaders de l’opposition radicale, Ould Ghazouani, n’œuvrera-t-il pas après les élections mettant Insaf hors du jeu politique, à se réconcilier avec RAG, IRA, les FPC, et les autres projets de partis en attente de reconnaissance ?
Avec de telles perspectives qui ne sont pas impossibles pour un dirigeant d’ouverture, l’ancienne et éternelle Majorité « affairiste et cupide », une lueur d’espoir pointe à l’horizon avec une opposition capable de se convertir en une majorité exigeante, imposante et partenaire dans la gestion partagée des affaires publiques au grand dam de Ould Ghazouani et même des opposants les plus radicaux, toujours prêts à concéder des concessions pour tout ce est de nature à contribuer au renforcement de l’Etat de droit et la démocratie dans le pays.