Le parti Insaf, bras politique du président Mohamed Ould Ghazouani, n’a pas réussi à gagner les sièges des quatre députés de l’étrangers au premier tour, après avoir été éliminé de la course aux États-Unis d’Amérique, laissant la compétition entre les candidats de l’opposition.
Cet échec remet au jour la question du rôle que les communautés mauritaniennes à l’étranger peuvent jouer à travers les urnes dans le façonnement de la scène politique du pays, et si ces communautés, dans lesquelles la voix de l’opposition se répand, peuvent constituer une menace électorale pour le pouvoir lors des prochaines élections présidentielles de 2024.
La diaspora mauritanienne répartie sur plusieurs zones d’influence, sont estimées à un demi-million de personnes, selon une déclaration faite en 2020 par l’ancien ministre des Affaires étrangères Ismail Ould Cheikh Ahmed. Un nombre qui dépasse celui des électeurs qui ont voté pour le président Ghazouani en 2019 dont l’effectif n’a pas dépassé la barre de 483 007 électeurs sur 928 772 votants.
On s’attend à ce que les communautés mauritaniennes aient augmenté en raison de la vague d’émigration à l’étranger qui sévit dans les rangs des jeunes.
La diaspora est répartie sur plusieurs axes, dont la plus importante est dans les pays africains. La Côte d’Ivoire, les Mauritaniens dépassent 80 000 personnes, alors qu’ils sont au Sénégal et en Arabie saoudite respectivement de 20 000 et 12 000 électeurs environ.
En Europe, la diaspora mauritanienne représente des dizaines de milliers d’immigrants. Aux Etats-Unis, le taux d’immigration a augmenté ces dernières années, et on s’attend à ce qu’environ 8 000 Mauritaniens aient « sauté du mur » vers l’Amérique au cours des deux dernières années, pour s’ajouter aux milliers qui ont immigré auparavant.
L’influence politique des immigrés réside dans plusieurs facteurs, notamment :
– Leur ressentiment face aux conditions économiques et politiques de leur pays, et leur leadership au cours des dernières années de campagnes médiatiques qualitatives contre les régimes successifs.
– L’existence d’une autonomie financière leur permettant d’avoir une indépendance dans leur position politique.
– L’existence d’une incitation politique liée aux pays dans lesquels ils vivent et la comparaison de leurs conditions politiques de développement avec celles des Mauritaniens.
Le pouvoir mauritanien est bien conscient des dangers de l’influence politique de la diaspora sur les élections de 2024, surtout si les électeurs sont autorisés à voter dans plusieurs circonscriptions, ou si le vote électronique a lieu dans certains pays, ou si l’opposition oriente une partie de son activisme à la sensibilisation politique au sein de la diaspora.
En dépit de tout cela, la diaspora souffre également d’autres obstacles qui limite leur performance politique, notamment :
– Diversité ethnique et linguistique ainsi que la crise d’unité nationale
– Les liens unissant un certain nombre de communautés aux affaires mauritaniennes locales et leur influence étroites sur les problèmes de leurs sociétés.
Certains pensent que l’échec du parti au pouvoir à faire le raz-de-marée à l’étranger est dû à son incapacité à manipuler les votes des électeurs, comme c’est le cas dans tous les coins et recoins du pays, et du fait que ces communautés sont maitresses d’elles-mêmes et rien ne puisse les forcer du côté du pouvoir ou les envouter, surtout dans les pays où le caractère d’immigrés est dominant.
Ce qui explique la sortie du parti au pouvoir du marathon électoral au niveau de la circonscription Amérique.
C’est peut-être lui aussi qui est à l’origine des restrictions minimales faites aux mauritaniens à l’étranger pour participer à ces élections.
On peut toutefois mettre au crédit de ce système, d’avoir ouvert la porte au vote direct aux communautés mauritaniennes pour choisir elles-mêmes ceux qui les représenteront après des décennies de tutelle de sa représentation au parlement par des magnats du parti au pouvoir en votant en leur nom.
Malgré cela, les centaines de milliers d’électeurs mauritaniens à l’étranger restent la force la plus influente, la plus possessive de sa décision politique, et la moins affectée par les méthodes traditionnelles de concurrence, notamment le déplacement et l’afflux de circonscriptions d’électeurs venus d’autres villes, ce qui limite l’influence du parti au pouvoir et de l’autorité sur eux, l’annulation ou la confiscation de leur vote …
El Fikr traduit par senalioune