La question de la Majorité écrasante ou confortable pour l’actuel Président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani suscite plus de souci chez le parti « Insaf » au pouvoir et ses sbires, que chez l’homme fort de Nouakchott en personne.
Au moment où le Premier ministre Mohamed Ould Bilal, le ministre de l’intérieur et de la décentralisation Mohamed Lemine Ould Mohamed Ahmed, le président du parti au pouvoir Mohamed Melaïnine Ould Eyih et les autres membres du gouvernement, les directeurs, les ambassadeurs venus de l’étranger sur le dos du contribuable et j’en passe, déploient tous leurs efforts pour redorer le blason d’un « Insaf » abandonné tant pour son impopularité, sa gestion arbitraire que par son arrogance et son mépris, le Président de la République a l’esprit ailleurs.
Ould Ghazouani regarde même très loin de ce qui se passe dans le pays, comme l’atteste son voyage au Royaume Uni pour assister à la cérémonie d’intronisation du Roi Charles.
Un désintérêt du Chef de l’Etat qui intrigue mais qui peut trouver sa justification en fouillant à fond la nature politique et morale même de Ould Ghazouani.
Une indifférence de Ould Ghazouani qui trouve son explication par son mépris du faux d’une part et d’un parti « Insaf » passé dans l’art de la duperie de l’opinion publique et du recyclage sans raison politique ou académique d’élus déconnectés des préoccupations des populations dans les hautes sphères de l’administration, d’autre part.
Autant dire que le Président peut se passer de la Majorité affairiste habituellement dominée par le parti au pouvoir. Il n’a même pas besoin de ses partis cartables qui gravitent autour d’ »Insaf » dans l’espoir de bénéficier de prébendes politiques du système.
Le Président Ghazouani n’aura pas de problème à gérer le pays en présence d’une débâcle du parti au pouvoir, dès lors où il a su avec habilité, pondération et dextérité mener à bon part et malgré quelques à-coups le système anarchique et chaotique hérité de ses prédécesseurs.
Ayant séduit une bonne partie de l’opposition radicale d’antan (Tawassoul, RFD, UFP, Hatem) et avec la perspective de manifester plus de souplesse et d’ouverture pour gagner le soutien des autres ailes montantes de l’oppositionet non des moindres toujours hors du navire, dont RAG, IRA et le FPC, le Président Ghazouani pourra forger à partir de ses opposants, une majorité patriotique, laborieuse, positive, conseillère, compréhensive et participative.
C’est d’autant vrai qu’il a déjà réussi le pari de l’apaisement avec 25 partis considérés comme des poids lourds dans l’échiquier politique au cours de ces dernières décennies.
Il ne lui restera plus qu’un pas non difficile à franchir, à savoir s’ouvrir aux leaders des FPC, de l’IRA et du RAG pour mettre la main dans la main et au prix de quelques concessions de part et d’autre, dégager une majorité confortable pour le Président qui accompagnera avec engagement et objectivité son programme susceptible d’être révisé afin d’intégrer la nouvelle donne.
Ceci dit, le Président Ghazouani est déjà assuré du soutien de partis populaires de la Majorité dont l’UDP et Hatem, présidés respectivement par Naha Mint Hamdi Ould Mouknass et Saleh Ould Hanena, en plus d’El Karama ..etc.
En effet, ces partis qui ont refusé de se plier aux injonctions et aux menaces d »Insaf » afin de retirer leurs candidats au profit des siens, battent déjà campagne pour la présidentielle de 2024 en faveur du Président Ould El Ghazouani.
En effet, leurs tentes de campagnes et leurs meetings sont dominés par des portraits géants du Président Ould El Ghazouani comme ils parviennent aisément à mobiliser plus de monde que tout autre concurrent.
C’est dire enfin que le syndrome de la Majorité confortable ou écrasante qui hante le parti « Insaf » ne trompe guère et ne fait plus bonne recette.
La soif du changement et le ras-le-bol du Président Ghazouani d’être l’otage de caciques du pouvoir passés dans l’art de l’affairisme sont des facteurs parmi tant d’autres dont la présence d’une opposition farouche et populaire à conduire Ould Ghazouani à se débarrasser démocratiquement des anciens barons et de chercher de nouveaux collaborateurs pour construire ensemble cette Mauritanie meurtrie et pillée par des générations de prévaricateurs sans foi ni loi.