Le pouvoir du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, est condamné, en dépit de la sincérité de l’homme et de ses bonnes intentions, pour tirer le pays de l’aliénation administrative congénitale, à l’échec et par conséquent à disparaitre à ’l’horizon 2024, date constitutionnellement prévue pour l’élection présidentielle.
L’homme fort de Nouakchott continue, en dépit de ses remontrances et crises de nerfs tardives, d’être la risée discrète de ses collaborateurs ministres, secrétaires généraux, directeurs centraux, présidents du patronat et de fédérations, députés, walis et autres.
Ould Ghazouani dont le mandat présidentiel se rétrécit comme une peau de chagrin, sans augurer une chance minime de rebondir et de rempiler un second quinquennat à la tête du pays, a vainement expérimenté toutes les thérapies politiques ( tous les caciques et barons des systèmes) pour convaincre de sa capacité à créer la différence et à mériter la confiance de son peuple.
Après les fiascos de ses Gouvernements I et II des Premiers ministres Ismail Ould Cheikh Sidiya (ancien) et Mohamed Ould Bilal (actuel), voilà, qu’il réalise, les déboires de son attelage gouvernemental III, lequel, n’arrive pas, après deux semaines de sa prise de fonction, de sortir des sentiers battus.
Politiquement mort, le Président Ould Ghazaouni joue ses dernières cartes pour se maintenir, en cherchant à activer le plan B de la dernière chance que représente le dialogue politique mauritano-mauritanien, demeuré depuis son arrivée au pouvoir, une ruse bien pensée pour museler les voix dérangeantes et protestatrices d’une opposition qui en a marre et enragée par plus de 15 ans de contestation démocratique confrontée à des systèmes dictatoriaux, militarisés, violents et expéditifs.
En héritant une décennie de corruption à son arrivée au palais présidentiel en aout 2019, le président Ould Ghazouani, qui était conscient du lourd leg de son prédécesseur et de la fragilité de son système, bâti sur des présidentielles frauduleuses et une ferme volonté de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, de revenir au-devant de la scène et de se maintenir, coute-que-coute, vaille-que-vaille aux commandes du pays, ne pouvait se permettre à l’époque de son investiture, de se trouver face à une opposition plus que jamais engagée dans la contestation et le militantisme.
C’est incontestablement à ce niveau politique qu’il a réussi son coup de maître, en parvenant à faire taire ces forces vives de la nation dont des partis réputés par leur activisme légendaire, en arborant l’apaisement politique tout en refusant de traduire cette accalmie dans les faits.
Se sachant aujourd’hui perdu et décrié, Ould Ghazouani mise sur la relance du dialogue politique, pour s’accrocher au pouvoir et trouver une astuce pour détourner de l’usure de son pouvoir, en s’investissant pour gagner la confiance des dirigeants politiques de l’opposition et du coup redorer autrement son blason sérieusement assombri.
Un stratège qui fonctionne à merveille pour Ould Ghazouani, dès lors où l’opposition, dite radicale sous Aziz (RFD, UFP, Hatem, FPC, AJD/MR, CVE…), semble bien prendre à l’hameçon, n’arrivant pas à réaliser son instrumentalisation à des fins purement électoralistes en perspective d’échéances décisives dont les contours commencent à se dessiner et où l’achat des consciences et l’iniquité ne seront plus tolérés.
A moins de deux ans de son procès électoral, devant déterminer son départ ou son maintien au pouvoir, Ould Ghazouani, jouera le tout pour le tout, pour créer le consensus politique à travers un dialogue inclusif conduisant fort probablement en 2023 et contre son gré, à la mise en place d’un Gouvernement d’Union Nationale, où siégeront les divers protagonistes politiques tant de la Majorité que de l’opposition.
C’est la balle de la dernière chance et l’unique solution pour espérer réaliser un bilan, du moins inédit sur le plan politique, en réussissant là où ses prédécesseurs ont échoué, surtout en pariant sur une confiance des militaires et des suceurs des fonds publics qui trouvent dans son maintien une durabilité de leurs intérêts égoïstes.
Ce sera aussi un bien pour la postérité d’un Ghazouani pieux et propre qui tient à préserver une image de dirigeant sincère dans sa passion pour le bien être de ses concitoyens mais dont le mandat s’est trouvé plombé par de lourdes pesanteurs imprévisibles venues se greffer sur un héritage des plus moralement et financièrement dramatiques pour le pays.
L’autre chance que Ghazouani pourra encore capitaliser, en plus d’un dialogue politique inclusif sincère et irréversible, serait le déluge, à partir de 2023 vers le trésor public mauritanien, soit l’avant dernière heure du jugement politique dernier pour l’homme, des premiers dividendes du gaz et les mannes considérables que le pétrole pourra drainer pour le pays et le Sénégal voisin.
Mais, à ce stade, il vaut mieux être prudent, car, le pétrole et le gaz n’ont jamais fait le bonheur des Etats, à plus forte raison des pays où la corruption s’est répandue au point de devenir administrativement voire socialement congénitale.
Le point de chute enfin pour Ghazouani, au cas où il n’aura pas réussi à gagner la confiance des mauritaniens pour un second mandat serait de tâter le terrain de l’international où il semble par contre jouir d’un véritable crédit pour faire son entrée à l’Union Africaine ou aux Nations Unies