Ce jour restera gravé dans la mémoire des peuples épris de justice et de dignité. À peine rentré d’une tournée européenne marquée par un discours historique prononcé devant le siège de l’Union européenne à Bruxelles, le président Biram Dah Abeid, symbole vivant de la lutte contre l’injustice et l’esclavage, se heurte à l’autoritarisme dans sa forme la plus brutale.
À une quinzaine de kilomètres de Nouakchott, au niveau du Palais des Congrès, les forces de l’ordre ont dressé un mur de silence et de répression. Elles bloquent l’accès à leur propre terre, à leur propre leader. Biram, l’homme de la parole libre, est retenu, encerclé, soumis à un blocus indigne. Autour de lui, des partisans pacifiques, militants infatigables, femmes, jeunes et anciens, massés face aux barrages, privés du droit élémentaire de saluer leur président, de l’écouter, de marcher à ses côtés.
Le sit-in qu’il observe à cette heure n’est pas un simple acte de protestation : c’est un cri, une résistance debout face à l’arbitraire. Ce blocus n’est pas seulement physique, il est symbolique. Il incarne la peur d’un pouvoir face à la force tranquille d’un peuple éveillé. Il dévoile le vrai visage d’un système aux abois, incapable de répondre à la vérité autrement que par la force.
Mais qu’ils sachent, ceux qui érigent les barrières, que la voix de la justice ne se bâillonne pas. Que l’homme qui a parlé à l’Europe au nom des sans-voix ne sera jamais seul. Que chaque mètre de bitume entre le Palais des Congrès et la capitale est désormais le théâtre d’un combat : celui de la liberté contre la peur.
Nous sommes témoins. Nous sommes présents. Et nous resterons debout.
Cheikh Sidati
Nouakchott, le 15 septembre 2025