La Télévision de Mauritanie (TVM) est censée être une chaîne nationale dans laquelle toutes les différentes composantes mauritaniennes devraient se retrouver. Or, elle a constamment favorisé une seule communauté.
Les langues nationales – notamment le Pulaar, le Soninké et le Wolof – ont toujours été marginalisées sur cette chaîne prétendument nationale. Les émissions et les journaux télévisés de grande édition ne sont toujours pas produits dans ces langues, malgré les décennies d’existence de la chaîne et le fait que la majorité des téléspectateurs ne comprennent que ces langues.
Le journal quotidien pour chacune de ces trois langues nationales ne dépasse pas 10 minutes. À l’inverse, la langue Arabe, ou Hassaniya, bénéficie de plus de quatre journaux quotidiens, y compris la grande édition présentée en arabe, qui dure une heure chaque jour. C’est une chaîne nationale qui viole le droit absolu à l’information des citoyens. Chaque langue nationale dispose d’une émission d’une heure le matin et de trente minutes le soir. Toutes les heures restantes sont consacrées à la seule langue Hassaniya.
Depuis le début de la visite du Président de la République, tous les journalistes arabophones ont été envoyés en mission pour couvrir l’événement. Or, cela fait trois ans que les journalistes des langues nationales n’ont jamais été envoyés ni n’ont pu accompagner le Président pour couvrir ses activités et informer ainsi les autres communautés, notamment les Peuls, les Soninké et les Wolof.
Plus de 60 journalistes arabophones ont accompagné le Président de la République à l’intérieur du pays pour la couverture médiatique, tandis qu’aucun journaliste des langues nationales n’a pu y participer. Nous avons d’ailleurs constaté que les émissions matinales en langues nationales ont été remplacées par un journal à 11h, sans doute pour masquer l’absence totale ou la discrimination envers les journalistes des langues nationales dans la couverture de la visite présidentielle.
Un autre problème majeur est que les rédactions des langues nationales ne disposent ni de direction, ni de rédacteurs en chef, ni de chefs de service désignés. La HAPA (Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel) est pourtant consciente de ces problèmes persistants, mais n’a jamais cherché à les résoudre, la rendant de fait responsable de cette situation.
Il est essentiel de faire la distinction entre la télévision et la radio. Les journaux en langues nationales présentés à la télévision ne sont pas professionnels : le présentateur parle seul pendant l’intégralité du journal de 10 minutes ; il n’y a ni reportages, ni autres éléments visuels. En regardant le journal, on a l’impression d’écouter une radio en ligne.
En tant que militant pour la promotion des langues nationales, je dénonce cette discrimination raciale.
La télévision est faite pour l’ensemble de la population et pour tous les citoyens du pays. Aucune communauté ne doit être favorisée au détriment des autres. Le pire est que les dirigeants responsables de ces espaces linguistiques ne dénoncent pas ce grave problème. Chacun préfère garder son poste et se contenter de faire des compliments aux autorités.
Oumar El-Hadj Thiam-JP


















