D’après une tradition maure, si quelqu’un souhaite que son marabout le déçoive, il n’a qu’à lui demander ce qui lui est inaccessible.
Il en est de même pour l’État. Il ne faut en aucun cas lui demander d’assurer l’égalité entre les différentes composantes de sa population.
Ce n’est pas de sa responsabilité, et il ne pourra pas décréter que ses groupes sociaux soient nantis au même degré. C’est même contraire à l’ordre naturel des choses.
Toutefois, dans une société démocratique, l’État est tenu d’assurer l’égalité des droits : les mêmes droits et les mêmes opportunités pour tous ses citoyens, en encourageant l’épanouissement et l’accessibilité aux positions sociales et professionnelles de manière individuelle, plutôt que sur une base collective, tribale ou raciale, et sans tenir compte des origines ou de toute autre considération subjective.
Par ailleurs, en Afrique du Sud, avec l’avènement du suffrage universel, le vote communautaire a favorisé l’accession au pouvoir des Noirs. Malgré cela, les Afrikaners sont demeurés aussi aisés qu’auparavant, sans que leurs qualités humaines intrinsèques ne soient compromises.
De surcroît, aucune forme de revanche n’a été employée en Afrique du Sud postapartheid pour remédier aux injustices antérieures. Aussi, ce passé douloureux n’a pas été revisité pour obtenir de nouveaux privilèges, car en définitive, le racisme à rebours est tout aussi inacceptable et dépourvu de sens que l’apartheid.
Concernant, la Mauritanie, les nationalistes poulo-toucouleurs ont été les initiateurs du communautarisme racial. Dès le début du projet étatique national, ils ont insisté sur l’inclusion de la négritude dans la constitution en même temps que l’arabité pour un partage du pouvoir entre les deux communautés arabe et négro-africaine.
Sauf qu’après avoir réalisé que la minorité ne dicte pas sa loi, ils ont ensuite appuyé leur propagande sur une monstrueuse contre-vérité : les Noirs mauritaniens sont gouvernés par une petite minorité de Maures.
Même à l’heure actuelle, aucun homme politique ou simple militant poulo-toucouleur ne pourra déclarer à ses frères que c’était une mystification, et cela demeure le cas.
Malheureusement, cette propagande mensongère contreproductive perdure encore, les communautaristes pulaars et les communautaristes harratines agissant comme deux vases communicants. Et tous les jours, les activistes sectaires d’IRA répètent que les Harratines sont majoritaires, donc la part du lion affamé doit leur être accordée.
C’est faux. Sauf preuve contraire, les Harratines demeurent minoritaires. Aussi, proférer des déclarations politiciennes trompeuses ne suffit pas. Il faut des chiffres vérifiables et autorisés.
En plus, être harratine ne confère aucun droit particulier, pas plus que les autres citoyens de la République.
Donc, l’égalité entre les communautés n’est pas possible, et l’État n’y est pas contraint politiquement et moralement.
C’est la citoyenneté qui compte.
Ely Ould Sneiba
Le 22 septembre 2025