Il arrive parfois que certains esprits, aveuglés par leur ego et grisés par le prestige d’un titre académique, se livrent à des exercices intellectuels qui relèvent moins de la recherche que de la pure fabulation. Ely Ould Sneiba, dans sa récente sortie, en a donné une illustration caricaturale. En s’érigeant en arbitre de la mémoire et en juge des identités, il ne fait en réalité que démontrer les limites d’un « intellectuel auto-proclamé » qui confond conviction idéologique et vérité historique.
Comme l’affirmait Platon (La République, IVe siècle av. J.-C.) : « Le premier et le plus grand des maux est l’ignorance ». Ely ould Sneiba en offre une démonstration éclatante.
Mensonge historique : Senghor et Diouf inventeurs de nos luttes ?
Ely ould Sneiba affirme sans rougir que Senghor aurait « inventé » le Walfougui et que Diouf aurait accueilli les FLAM. Voilà une énormité historique.
Le Walfougui n’a jamais été l’invention de Senghor mais bien l’œuvre d’un fils du Trarza, Diaw Alioune, ancien cadre de la gendarmerie nationale mauritanienne, vivant encore aujourd’hui à Guidakhar. Allah soit loué.
Les témoins sont là, vivants. Comme le dit un proverbe hassanophone : « Celui qui ment doit d’abord éloigner ses témoins ». Or, le témoin, en l’occurrence, respire encore et peut à tout moment opposer sa mémoire vive aux affabulations de Ely ould Sneiba. Voilà qui réduit à néant l’édifice fragile de ses élucubrations.
Tromperie intellectuelle : confondre luttes d’égalité et communautarisme
Comparer les luttes des FLAM ou celles des Haratines à du « communautarisme » est une supercherie intellectuelle. Ces mouvements ne sont pas des projets de division mais des quêtes de dignité, d’égalité et de justice.
Assimiler ces revendications à une importation étrangère, c’est refuser de voir la réalité mauritanienne : marginalisation, discriminations, esclavage et exclusion systémique.
Montesquieu (De l’esprit des lois, 1748) l’a rappelé : « La liberté est ce bien qui fait jouir des autres biens ». Quand une partie du peuple en est privée, dénoncer n’est pas diviser : c’est restaurer le pacte social.
Contre-vérité linguistique : ignorer le statut du hassaniya au Senegal.
Non content de travestir l’histoire, Ely Ould Sneiba s’est hasardé à nier la reconnaissance de la langue hassaniya au Sénégal. Là encore, son ignorance éclate. La hassaniya est bel et bien codifiée et reconnue comme langue nationale sénégalaise. Ce fait institutionnel rend caduque sa tentative de disqualification.
Voltaire (Dictionnaire philosophique, 1764) rappelait : « Il est dangereux d’avoir raison dans des choses où des hommes établis ont tort ». Mal nommer une langue, c’est nier une identité et perpétuer des exclusions. Sneiba ne fait pas œuvre de science, mais de nuisance.
Quand l’intellectualisme devient imposture
La vraie mission de l’intellectuel est de clarifier, d’éclairer et d’élever le débat. Ely Ould Sneiba, à l’inverse, obscurcit, brouille et manipule. Il se pare des habits de l’érudition pour mieux maquiller une idéologie d’exclusion.
Frantz Fanon (Les Damnés de la Terre, 1961) écrivait : « L’intellectuel colonisé est souvent celui qui trahit le premier ». Ce pseudo-intellectualisme, construit sur le sable mouvant de la falsification et de l’orgueil, ne saurait tenir devant la rigueur des faits ni la mémoire des témoins. Ely Ould Sneiba incarne, à cet égard, la figure de l’imposteur : celui qui croit instruire alors qu’il égare, celui qui prétend défendre la vérité alors qu’il la trahit.
Conclusion
En définitive, la sortie d’Ely Ould Sneiba ne relève pas de l’analyse, mais du roman ; non pas de l’histoire, mais de la fiction militante. Face à ses fabulations, il convient d’opposer la rigueur des faits, la parole des témoins vivants, et la reconnaissance institutionnelle des identités. Car l’imposture, fût-elle enveloppée de jargon académique, demeure ce qu’elle est : un mensonge paré de plumes d’autrui.
Ely ould Sneiba voulait se poser en maître de vérité. Il n’aura été que le maître d’une fabulation ratée. La Mauritanie mérite des penseurs, mais pas des faussaires.
Par Cheikh Sidati Hamadi, Expert senior en droits des Communautés Discriminées sur la base du Travail et de l’Ascendance (CDWD), Chercheur associé, Analyste et Essayiste
Le 17 Septembre 2025.