Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani s’apprête à procéder à un remaniement ministériel, le troisième sous son mandat, actuellement dirigé par le Premier ministre Mokhtar Ould Djay.
Il demeure encore incertain si ce remaniement sera total, avec le départ de l’ensemble du gouvernement, ou partiel, ne touchant qu’une partie de l’équipe en place.
Selon les informations disponibles, l’objectif affiché de ce remaniement est de corriger la structure gouvernementale. Cela pourrait impliquer une réorganisation protocolaire des ministères, avec la fusion ou la suppression de certains petits départements créés ces dernières années.
Face à des difficultés persistantes et à des échecs répétés, le président de la République dispose de plusieurs options. La première consisterait à former un nouveau gouvernement avec un nouveau Premier ministre, une voie prônée par les opposants à l’actuel chef du gouvernement, Mokhtar Ould Djay. Toutefois, les circonstances rendent cette hypothèse peu probable, d’autant que beaucoup considèrent Ould Djay comme le meilleur choix pour l’heure.
Le principal levier dont dispose le régime d’Ould Ghazouani, dans la dernière phase de son second mandat, serait ainsi de se séparer de certains ministres jugés faibles, en particulier ceux dont les départements sont éclaboussés par des accusations de corruption ou de mauvaise gestion.
Il est inutile, selon certains observateurs, de spéculer sur les personnalités appelées à quitter le gouvernement, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani suivant son propre agenda. Celui-ci a déjà conduit au limogeage de plusieurs ministres et laissé d’autres dans des situations difficiles à interpréter.
Le scénario le plus probable, est que le ministre de l’Intérieur conserve son poste, tandis que les ministres de la Justice et des Affaires étrangères devraient quitter le gouvernement en raison de contraintes juridiques liées à l’âge légal, qui leur interdit d’exercer des fonctions autres que leur profession d’origine.
Comme lors des précédents remaniements, les équilibres tribaux et régionaux pèseront lourdement dans la recomposition attendue.
Ce remaniement survient également dans un contexte de conflits internes croissants au sein du camp présidentiel. Parmi les tensions les plus marquantes figure le bras de fer entre le Premier ministre Mokhtar Ould Djay et le ministre de l’Intérieur Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, alimenté par leurs entourages respectifs qui multiplient les manœuvres pour accentuer la discorde.
Un autre front de tensions oppose le secrétaire général de la présidence, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, au chef du parti au pouvoir Sid Ahmed Ould Mohamed. Les partisans de ce dernier considèrent Ould Mohamed Laghdaf comme un rival politique, l’accusant d’avoir monopolisé, durant près de six ans, la représentation politique et ministérielle dans le district de Néma.
Parallèlement, un conflit larvé oppose le Premier ministre Mokhtar Ould Djay et le secrétaire général de la présidence. Les proches d’Ould Mohamed Laghdaf perçoivent la présence d’Ould Djay à la tête du gouvernement comme un frein à ses ambitions : revenir à la Primature ou obtenir la confiance du président en vue de l’élection présidentielle de 2029.
Le conflit entre le ministre de l’Intérieur et le ministre des Affaires étrangères illustre les luttes internes. Les proches de Mohamed Salem Ould Merzoug accusent Ould Mohamed Lemine d’avoir saboté les réformes engagées durant ses deux années à la tête du ministère, tandis que les partisans d’Ould Mohamed Lemine reprochent à Ould Merzoug d’avoir volontairement attisé les tensions dans le secteur, dans le but de servir ses propres ambitions politiques et de se positionner comme le successeur potentiel du président Ghazouani.
Un autre conflit oppose le ministre de la Défense et le ministre de l’Intérieur. Les partisans de Mahmoud Boya le voient comme l’héritier naturel du chef de l’État, alors que ceux d’Ould Mohamed Lemine soutiennent qu’il reste l’homme de confiance de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, et son successeur le plus logique.