Réunis à Luanda pour leur 7ᵉ sommet, l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE) ont affiché ce lundi leur volonté de relancer un partenariat stratégique mis à l’épreuve par les crises géopolitiques, les tensions commerciales et les rivalités de puissances. Sous le thème « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme efficace », les dirigeants ont multiplié les appels à “refonder” la coopération dans un contexte mondial décrit comme « fragmenté » et « à un tournant historique ».
Entre ambitions économiques et réalités géostratégiques
Dans un discours offensif, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a défendu une Europe « durablement engagée » en Afrique, rappelant que l’initiative Global Gateway présentée comme l’alternative européenne aux investissements chinois a déjà mobilisé « plus de 120 millions d’euros » et vise « plus d’un milliard d’euros » d’ici 2027.
S’appuyant sur l’exemple de projets agricoles et numériques, elle a insisté sur une approche « gagnant-gagnant », qui « investit dans les chaînes de valeur locales » plutôt que dans des infrastructures « peu durables ». L’Europe, a-t-elle dit, « ne se retire pas », alors que d’autres investisseurs « réduisent leur présence ».
L’Angola place la souveraineté africaine au centre du débat
Hôte du sommet, le président de l’Union africaine, le président angolais, João Lourenço, a souligné une Afrique « déterminée à redéfinir ses modèles de coopération » et à être « réellement entendue » dans les instances internationales.
Devant les dirigeants africains et européens, il a insisté sur la complémentarité stratégique, « L’Europe apporte le savoir-faire, l’Afrique fournit les ressources et la démographie. Ensemble, nous avons tout pour développer notre futur commun. »
L’UA, sous présidence angolaise, veut accélérer la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), renforcer la sécurité, moderniser l’éducation et bâtir les bases d’une « résilience climatique » dans un continent qui concentre à la fois « 60 % du potentiel solaire mondial » et « 600 millions de personnes sans électricité ».
Guterres appelle à corriger les “injustices systémiques”
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a rappelé que les crises en Ukraine, à Gaza ou au Soudan montrent les limites actuelles du multilatéralisme. Il a exhorté les deux continents à peser davantage dans les réformes globales, notamment la « refonte de l’architecture financière internationale » et l’attribution de sièges permanents à l’Afrique au Conseil de sécurité.
Il a plaidé pour une « transition énergétique juste », un financement accru de l’adaptation climatique, et un soutien « prévisible » aux opérations de paix de l’Union africaine, comme prévu par la résolution 2719.
Entre convergences affichées et divergences persistantes
Si les discours ont montré une volonté de rapprochement, plusieurs dossiers structurants restent sensibles :
les règles commerciales et les subventions agricoles européennes, régulièrement critiquées par l’Afrique ;
la question migratoire, abordée en filigrane mais centrale dans les négociations ;
l’accès au financement, que l’Afrique juge encore insuffisant face à l’ampleur de ses besoins.
Un sommet pour réaffirmer un lien stratégique
Dans une période où « blocs stratégiques, conflits et rivalités » redessinent la géopolitique mondiale, l’Afrique et l’Europe ont cherché, à Luanda, à démontrer qu’un partenariat équilibré demeure possible et même nécessaire.
Reste à savoir si les déclarations solennelles se traduiront en engagements mesurables. Les prochains jours, marquées par les discussions techniques sur la ZLECAf, les financements climatiques et Global Gateway, diront si la dynamique affichée à Luanda s’installe durablement
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